C'est un jour historique pour moi. C'est fabuleux, cette retrouvaille avec ma ville natale ». La star algéro-québecoise Lynda Thali, qui a été tout simplement magique en cette soirée du mercredi dernier, a indéniablement réussi une chaude retrouvaille, après 11 longues années, au terme d'un concert produit dans la superbe salle archicomble du théâtre Abdelkader Alloula à Oran. Cette femme, fraîche et irrésistible, est venue de loin. Du Canada. Chez elle, à Oran, la ville de ses aïeux qui l'a vue naître, il y a 27 ans, la vedette qui a reçu en 2004, un prix pour le rayonnement positif qu'elle donne à l'Algérie au Canada, a chanté l'Algérie qu'elle aime. Elle a enchanté, tapé, soufflé, et surtout dansé aux rythmes du métissage des sonorités fait d'un mélodieux parfum d'Orient, agréablement mêlé aux senteurs de l'univers de la pop québécoise. Elle a réussi à créer un univers poétique aux confins de divers chants aussi ingénieux qu'agréables. Ses chansons sont empreintes de mélodies adoucissantes par une voix magique qui a emporté le public oranais dans des odyssées musicales où « l'Orient et l'Occident se rencontrent en Méditerranée ». Auteur compositeur et interprète, native d'Oran, Lynda a étalé une vingtaine de chansons qu'elle a dédiée, mercredi, aux Oranais. Des chansons puisées de Voyage, nom de son prochain album, dont la sortie est promise pour septembre prochain. Le public, essentiellement constitué de la gent féminine, a été tout simplement subjugué - le mot n'est pas assez fort - par cette voix envoûtante de l'Oranaise de Montréal. Elle venait d'achever sa première tournée en Algérie à l'occasion du 43e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, initiée par le ministère de la Culture, l'ONCI, Nedjma, la radio et la télévision, avec la collaboration de l'ambassade du Canada. « J'ai créé mon propre style », revendique-t-elle dans un entretien accordé à El Watan. Elle veut ainsi « se démarquer de toute comparaison » et réclame « l'originalité » de son œuvre. « Je suis la première et la seule à chanter ce rythme au Maghreb et dans le monde arabe », dit Lynda Thalie, qui respire le charme et la sensualité. Dès l'entame du concert, les honneurs s'accentuent et les complicités se tissent après qu'elle ait dû étaler tout son immense talent à travers des chansons puisées de son premier album lancé en 2002, Sablier. Des chansons comme Marsa, Elle, L'âge nouveau, Dis-moi, crie-moi, Pour toi, En équilibre et Comme un matin à Larabaâ (chanson dédiée à sa défunte grand-mère), ou encore l'irrésistible Alger Alger. « Je ressens comme un devoir de contribuer au lien entre les deux cultures algéro-canadienne », nous affirme-t-elle. Celle qui se veut « l'ambassadrice des deux pays » dit aimer mélanger les « saveurs du pays natal et de son Canada d'adoption ». Elle refuse « de jouer à la psychanalyste, à la moralisatrice, ni de trop verser dans l'autobiographie », mais se veut en revanche, « un vecteur d'espoir », dont les chansons sont « dédiées à tous ceux et à toutes celles qui croient en un avenir meilleur ». « Mes chansons, dit-elle, se veulent aussi un regard braqué sur ce qui se passe dans le monde durant ces dernières années. » Elle reste « bouche bée » après la profusion de cadeaux qui lui tombent dessus (un burnous, deux extraits de naissance et une robe traditionnelle), offerts par les autorités locales d'El Bahia. Lors de la Quinzaine de la francophonie, qui avait lieu au Rwanda en mars dernier, Lynda Thalie a représenté le Canada après avoir chanté avec Céline Dion en été 2004. Une rencontre qui a enfanté, aux yeux des observateurs avertis, d'un « croisement » entre les deux chanteuses pour « l'amplitudes de leurs voix ».