Encore une fois, les services des douanes ont saisi au port sec de Rouiba, à Alger, cinq containers (de 40 pieds) bourrés de pétards, importés du Sud-Est asiatique et déclarés comme étant des produits cosmétiques, mobiliers domestiques, jouets ou poussettes. L'opération « de contrôle ciblé » des containers entamée au début de cette semaine dans cet entrepôt sous douane a concerné surtout la marchandise ayant dépassé le temps réglementaire. Les containers saisis ont été débarqués au port d'Alger au mois de janvier dernier, puis acheminés vers le port sec, attendant l'opportunité de les écouler à l'occasion de la fête du Mawlid Ennabaoui. Leurs propriétaires ne se sont pour l'instant pas présentés pour les réclamer. « Il s'agit de 12 Eurl, agissant probablement avec des registres du commerce loués. C'est une marchandise prohibée à l'importation et interdite à la commercialisation qui aurait pu rapporter à ses propriétaires plus de 120 millions de dinars (12 milliards de centimes). Depuis le début de l'année en cours, plus de 30 containers de pétards ont été saisis. Pour nous, il y a déjà les fausses déclarations sur l'espèce, mais probablement aussi des transferts illicites de devises, puisque nous avons trouvé un des containers à moitié vide... », a déclaré M. Moualhi, chargé de la communication de l'administration douanière. Ce responsable a reconnu que le port d'Alger reste la porte d'entrée de la contrebande des produits pyrotechniques, puisque la trentaine de containers saisis depuis le mois de janvier n'a malheureusement pas empêché le marché d'être inondé de ces produits interdits à l'importation. « Nous faisions de notre mieux, mais que voulez vous, je ne me souviens pas d'un Mawlid sans pétards », a-t-il expliqué. Il n'a pas exclu des complicités, tout en les minimisant. Il est à signaler à ce sujet que deux containers bourrés de pétards avaient été interceptés à leur sortie du port d'Alger par des policiers après avoir procédé aux formalités douanières, il y a près d'un mois. L'enquête a révélé que la marchandise déclarée faussement n'a pas été contrôlée. Ce qui a poussé les services de la brigade économique de la sûreté de la wilaya d'Alger à présenter à la justice deux douaniers, dont un a été mis sous mandat de dépôt et le second est sous contrôle judiciaire, en attendant leur procès. Revenant sur l'opération de saisie, le directeur régional d'Alger, M. Bettahar, a indiqué qu'il s'agit d'« une première dans la mesure où l'opération de saisie a été menée par les trois services de lutte contre la fraude, de l'inspection et du contrôle, intervenant en même temps à la suite de la directive du directeur général des douanes pour faire face à la situation de saturation du port d'Alger ». Le responsable a estimé que cette situation s'est « sérieusement » compliquée avec la grève de 10 jours, décidée par les inspecteurs des douanes pour protester contre les convocations successives de leurs collègues par la justice pour des affaires liées au contrôle aux frontières. A titre de rappel, cette grève a été entamée après que 17 inspecteurs ont été convoqués par la brigade économique de Chlef, à la suite d'un démantèlement d'un vaste réseau national de trafic d'importation de camions de moins de trois ans. Les douaniers, à travers leur syndicat, ont réagi en affirmant « faire l'objet de règlements de compte » via la justice. « Cette grève a causé un retard très difficile à combler. Le port d'Alger reçoit 1200 à 1300 containers par jour, et seulement 500 quittent quotidiennement l'enceinte, créant une situation de saturation. A ces derniers, il faudra ajouter les 5000 containers en souffrance sur les quais du port depuis plus de 20 ans. Notre objectif est d'arriver à désengorger l'enceinte et de faire en sorte que les containers soient dirigés vers les ports secs et ouvrir à chaque fois ceux dont le délai d'entreposage est dépassé. C'est la directive de notre directeur général et nous l'appliquons avec la participation de tous les services de contrôle », a précisé M. Bettahar. Dans un autre chapitre, le même responsable a affirmé que dans l'ordonnance relative à la loi de finances complémentaire devant être discutée en conseil du gouvernement, l'importation des véhicules de moins de trois ans va être interdite, précisant à titre indicatif que le chiffre d'affaires des importateurs de ces voitures, arrêté au 30 juin 2005, a atteint les 7 milliards de dinars. A signaler que les députés avaient rejeté l'amendement de la loi de finances 2004-2005 relatif à l'interdiction de ces importations en dépit du fait que toutes les enquêtes ont montré que ces véhicules étaient l'une des causes principales des accidents de la route du fait de leur vétusté.