Une journée portes ouvertes sur la pêche a été organisée la semaine dernière à Azeffoun par la direction de la pêche de la wilaya de Tizi Ouzou. La manifestation a non seulement révélé l'importante enveloppe financière dégagée pour le secteur dans le cadre de la relance économique mais aussi le mécontentement des pêcheurs qui revendiquent une meilleure prise en charge de leur activité par l'Etat. Une douzaine d'embarcations d'un coût de 82 millions de dinars ont été acquises récemment. Les responsables du secteur ont en outre indiqué que les dossiers de onze autres bateaux de pêche sont en phase de finalisation. Le montant de cet investissement est de 500 millions de dinars. Trois autres unités de pêche d'une valeur de 200 millions de dinars seront réceptionnées prochainement, a-t-on précisé. En outre, un crédit qui dépasse les 700 millions de dinars a été alloué à un investisseur privé qui a lancé un projet d'une ferme aquacole à Mlata (7 km à l'ouest d'Azeffoun). Selon M. Larbi, le promoteur, les closeries où seront élevés les alevins comprendront 52 bassins. Les bâtiments sont en cours de construction et cette unité de production aquacole devra entrer en production en 2006. « Mon projet ambitionne d'atteindre 15 à 20 millions d'alevins. Je produirai principalement deux espèces : le loup de mer et la daurade royale », dit Larbi. Avec ces ambitieux projets, la direction de la pêche entend promouvoir l'investissement dans tous les domaines d'activité liés à la pêche et à l'aquaculture.La direction de la pêche estime le potentiel halieutique de la côte de Tizi Ouzou exploitable annuellement à un total de 26 000 tonnes de poissons dont 12 000 tonnes de poisson bleu et 14 000 tonnes de poisson blanc. Aussi a-t-on pensé organiser cette journée d'information à l'intention des investisseurs potentiels. Des stands ont été réservés à l'Ansej et à la Badr, qui ont exposé des prospectus d'information sur les mécanismes de financement de la micro-entreprise. Toutefois, l'objectif visé par la présence de cet organisme de promotion de l'investissement et cette banque n'a pas été un grand succès populaire. En effet, le public se n'est pas bousculé au portillon. Seuls quelques pêcheurs à être présents ont profité de l'occasion pour manifester leur courroux et contester les données officielles de la direction de la pêche. Colère des pêcheurs Le fait que le port se trouve dans le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou et qu'il soit géré par l'Entreprise de gestion des ports de pêche (EGPP), dont la direction se trouve à Béjaïa génère de nombreux problèmes, se plaignent-ils. Ces derniers mettent en évidence le fait que le port d'Azeffoun soit entré en activité sans que l'infrastructure soit officiellement réceptionnée. M. Hamdani, vice-président de la Chambre de la pêche : « On nous fait payer des charges diverses comme le loyer, l'électricité et l'eau alors qu'on ne nous a pas encore attribué des cases pêcheurs ». Ces larges chambres, indispensables au travail des pêcheurs, sont en effet fermées. Un jeune pêcheur renchérira : « Cela fait des semaines que l'eau n'a pas coulé ici. Aujourd'hui qu'on annonce la visite du wali, l'eau coule depuis le matin sans interruption. La chambre froide n'a jamais fonctionné pour une raison bien simple : il n'y a jamais eu d'eau. Nous, pêcheurs d'Azeffoun, n'avons jamais bénéficié du plan de relance économique. » Certains s'estiment lésés et méprisés par les autorités, à l'exemple de Ahmed Haouache, un pêcheur âgé de 55 ans. Ayant perdu sa petite embarcation lors de la tempête du mois de décembre 2004, il a frappé à toutes les portes pour se faire indemniser, vainement.