Il ne s'agit pas d'exhaler un chauvinisme souffreteux ni de jeter la pierre à une animation culturelle extrêmement étriquée. Mais force est d'observer que « les nuits d'Alger » sont envahies par une espèce de « tropisme » oriental qui installe une certaine effervescence dans le cœur des adolescents, avides de déhanchement, de défoulement jubilatoire. Un petit caravansérail de stars débarquées du Moyen-Orient, tente de ranimer la flamme, de tisonner les braises. Des chansons trop stéréotypées, gorgées de poncifs, tiennent lieu d'exutoire à une jeunesse trop encline à s'enthousiasmer. Adeptes et épigones y trouvent leur compte. Et c'est tant mieux. La presse met son grain de sel en accueillant avec condescendance l'événement. Il reste que, sans tomber dans une sensiblerie de mauvais aloi, ni faire part d'une déploration excessive, Alger n'arrive pas encore à bénéficier d'une animation culturelle digne de sa stature. La capitale reste soumise à un sevrage inexpliqué, inopiné. Il y a bien sûr des raisons. Les évoquer ne relève pas la dissertation métaphysique. Pourtant, un paradoxe demeure. L'Etat-Léviathan, trop longtemps hégémonique, centralisateur absolu et intangible, fait amende honorable. Il redescend de son « olympe » pour affirmer, paraît-il, une volonté de dégager la place, de laisser les talents s'exprimer. Point de contraintes, ni d'empêchements. Plus de bâtons dans les roues ni tracasseries. Or, il reste quasiment seul, à organiser des spectacles, à tenter « héroïquement » de colmater les brèches, de suppléer aux manques, de combler les lacunes. Ses actions, qui demeurent de simples ectoplasmes sur un champ inerte, poussent à l'interrogation. Ce sont des miroirs qui reflètent une réalité étrange. Evidemment, les professions de foi ne peuvent pas faire surgir brutalement une vie culturelle foisonnante, dense et animée. Il faut du temps, de la patience et surtout de la persévérance pour fabriquer une « ingénierie » culturelle. Or, le constat montre qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. L'organisation de manifestations ponctuelles, disparates et éloignées dans le temps n'incite pas à l'optimisme. Il y a comme un détestable et lancinant vent d'improvisation qui souffle constamment. Imperturbable, tenace. A moins que cette animation ne consente à tomber du ciel, toute rôtie.