Elles se seraient fixé pour objectif le sabotage du meeting du 19 septembre à Tizi Ouzou, les autorités locales, qui se donnent tant de peine pour montrer qu'elles adhèrent pleinement au projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, ne s'y seraient pas prises autrement. En obligeant les travailleurs du secteur public à se rendre massivement à Tizi Ouzou le 19 septembre pour assister au meeting qu'animera ce jour-là le président de la République et en forçant, par des décisions de réquisition, les transporteurs publics privés à assurer le transport sur la ligne Bouira-Tizi Ouzou, demain, ces mêmes autorités ont ruiné le beau mouvement d'adhésion spontanée qui commençait à se dessiner au sein de la population. « Que me ferait-on si je ne partais pas lundi prochain à Tizi Ouzou ? » nous faisait part hier de ses inquiétudes ce travailleur d'APC qui, de toute évidence, ne fera le déplacement à Tizi Ouzou que le couteau sur la gorge. « On a pris nos noms et on en a fait une liste qu'on a envoyée ensuite à la daïra », ajoutait-il. « Parce que je n'ai pas été informé de l'établissement de cette liste, on m'a demandé à la daïra pourquoi je ne voulais pas signer », révélait un autre. « Cela voudrait-il dire qu'en signant ces listes, c'est une sorte d'engagement qu'on a pris et que s'il était rompu, on serait exposé à des sanctions administratives ? » Au centre culturel Mouloud Mammeri, un registre est ouvert pour cet enrôlement d'un jour. La liste des volontaires est envoyée à l'APC, nous déclare un président de comité de quartier à Bouira qui tenait ce registre. « Qu'est-ce qui pourrait m'arriver si je refusais de prendre les manifestants lundi pour le meeting du Président à Tizi Ouzou ? », se demandait ce transporteur privé avant d'ajouter : « Nous savons tous, de toute façon, que le oui l'emportera le 29 septembre avec un taux écrasant. Alors, pourquoi ce cinéma ? Avec ça, on ne nous payera même pas. » Cela faisait presque une semaine qu'on a retiré leur carte grise aux transporteurs publics privés de la wilaya. Les destinataires des décisions de réquisition s'exposeront, en cas de refus, à des peines allant de 10 jours à 2 mois d'emprisonnement et à une amende de 5000 DA à 20 000 DA. Allons-nous voir les prochains jours inverser la tendance après l'enthousiasme sans frein suscité au sein des foules par le projet de paix à travers différentes localités de la wilaya ? Et est-ce de cette manière que se réalisera la réconciliation nationale ?