Aujourd'hui donc, les Algériens sont conviés par le président de la République à se prononcer par voie référendaire sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation. Ce qu'il est en fait proposé aux citoyens, c'est un véritable rendez-vous avec l'histoire, un de ces actes fondateurs qui balisent au long des siècles la trajectoire des nations. En un mot, il s'agira ce jour-là de tourner un chapitre noir et cruel de l'histoire contemporaine de l'Algérie et d'ouvrir un ère nouvelle qui doit permettre à notre nation, enfin apaisée et réconciliée avec elle-même, de poursuivre résolument l'œuvre immense de reconstruction, de redressement et de modernisation engagée il y a près de six ans par le président Abdelaziz Bouteflika. Car tout se tient et le programme sur lequel Abdelaziz Bouteflika a été élu forme un tout : les grands chantiers ouverts dans les divers domaines économiques, sociaux, éducatifs, culturels, institutionnels et diplomatiques ne pourront être conduits à terme que par une nation ressoudée autour des valeurs historiques qui la distinguent et des grands défis de la modernité et de la mondialisation. Panser les blessures, refermer les plaies béantes ouvertes dans le corps de la Nation par une entreprise criminelle aveugle, reconstituer un tissu social déchiré, reconstruire des solidarités malmenées, réhabiliter et consolider les grands équilibres qui font les grandes nations : voilà ce que propose le projet de charte pour la paix et la réconciliation, sans qu'il soit question de renier rien de fondamental ni céder un pouce des valeurs fondatrices de la République. Le texte du projet propose des mesures précises et suffisamment claires pour interdire toute tentative d'introduire l'équivoque et d'entretenir l'amalgame.. Ces mesures, il importe de les rappeler, pour bien marquer l'esprit de mansuétude et de générosité qui les imprègne et qui porte la signature d'un Etat fort et d'une nation assurée d'elle-même et de son avenir, déterminée à reprendre une trajectoire qui a été déviée de son cours naturel durant plus d'une décennie. L'essentiel est là, qui conforte les résultats déjà acquis grâce aux mesures relatives à la rahma et à la concorde civile. D'abord, le devoir de reconnaissance des Algériens à l'égard de ceux qui ont œuvré à la sauvegarde de la République, et à la préservation d'un Etat menacé dans ses fondements ; les mesures destinées à consolider la paix et la réconciliation ; celles relatives à la prise en charge du douloureux dossier des disparus ; celles ayant pour objet le renforcement de la cohésion nationale et la prise en charge des victimes, quelles qu'elles soient, de la tragédie nationale ; celles qui interdisent enfin toute velléité d'instrumentaliser la religion dans des desseins politiques. On reconnaît là, l'humble majesté, la modeste grandeur d'une nation qu'ont forgée de terribles épreuves tout au long des siècles et qui, à chaque fois, en est sortie plus forte encore et plus généreuse.