dans sa lointaine ville natale Aïn El Hedid, à 70 km à l'ouest du chef-lieu de wilaya Tiaret, dans un cadre enchanteur et propice à l'inspiration, Harir Abdelkader semble vouer à cet art, le cinéma amateur, une passion à nulle autre pareille dans la région. Une passion qui l'a amené quinze années après ses premiers contacts avec le 7e art, jalonnés de plusieurs participations à des festivals et rencontres nationaux, à créer en compagnie d'un groupe de jeunes de ce paisible village l'association Arts et culture. Une association, dira-t-il, qui doit aider ses passionnés de la caméra à entrouvrir des perspectives à l'aune des pesanteurs qui pèsent sur la culture en général et le cinéma, plus particulièrement, qui est en train de péricliter. Notre rencontre à Tiaret avec ce sympathique garçon de l'Algérie profonde a été quelque peu profitable à Harir, reparti à Aïn El Hedid quelque peu gonflé et plein d'espoir après une brève entrevue avec l'ex-journaliste et poète Mustapha Nator, actuel directeur de la culture. Rencontre centrée sur les opportunités d'investissements dans le secteur de par une convention signée entre la direction de la culture et la CNAC qui donne ses chances à certains désireux de s'investir dans ce créneau, il est vrai peu juteux mais tout de même une planche de salut pour tous ceux et celles en manque de finances. Ce nerf de la guerre sans lequel rien n'est rassurant. Quoi de plus réjouissant après tant d'années de galère mais aussi de joies et de peines, là où Harir s'en est allé présenter ses œuvres dont certaines avaient été récompensées à juste titre. Depuis 1989, où il a entamé ses premiers claps avec Crime du siècle, La Bergère et La Vendeuse de café, œuvres presque toutes primées lors de festivals, Harir semble privilégier en pointant ses zooms sur les problèmes de la société (divorce, délinquance, accidents de la route...) des sujets qui ont donné matière à de fructueux débats dont ceux qui se sont déroulés dans les établissements éducatifs. Autodidacte, photographe de métier dès son jeune âge, Harir prépare un film documentaire à la ville de ses premières amours, Aïn El Hedid, mais le film La Bergère demeure à bien des égards et de loin l'un de ses relatifs succès. Un film de 35 minutes qui raconte la vie d'une jeune enfant d'Algérie, privée d'enseignement durant la période coloniale et bien que classé 20e sur les 400 films présentés lors du Festival international de Constantine en 1992, il n'en demeure pas moins à ses yeux un précieux document ayant immortalisé pour la postérité une époque à jamais révolue mais qui restitue dans sa dimension humaine les affres du colonialisme, tous faits de privations et d'humiliation sur fond d'analphabétisme, qui ont conduit de jeunes gens, garçons et filles de la trempe de celle qui était devenue vendeuse de café, à errer d'un coin à l'autre pour faire gagner la croûte à la famille. Harir, qui a fait du film utilitaire qui est d'ailleurs le propre de chaque cinéaste amateur sa raison d'être, reste comme bon nombre de ses pairs imbu de cet instinct profond qui l'inspire tout en constituant son carnet de route. Son premier film Saber inal (celui qui est patient gagne) est illustratif d'une destinée sociale pas toujours évidente qui caractérise les provinciaux et que tente d'exprimer Harir à travers sa caméra. Une caméra libre qui l'amène à exprimer son monde à lui et celui immédiat qui l'entoure tout fait d'objets, de couleurs, de flâneries, de faits, d'évocations de joies et de peines aussi. Le cinéma amateur qui reste un travail d'équipe semble à l'aune de l'expansion de la micro-informatique reparti pour reconquérir son droit au plus grand bien de ses adeptes. Et Dieu sait combien il en existe. N'est-ce pas Harir ?