Pour les opérations de solidarité, les APC sont mises à contribution en puisant dans leurs propres fonds. Comme le veut la coutume et à chaque mois de Ramadhan, les familles nécessiteuses bénéficient d'une aide qui leur est octroyée par les APC. C'est ainsi que pour la circonstance, les sièges des APC grouillent de petites gens à l'affût de cette précieuse aide qui prend désormais des allures de charité plutôt que d'une véritable opération de solidarité. L'Etat, absent toute l'année et ne reconnaissant l'existence de pauvres que par des chiffres décrus et amoindris, se transforme en l'espace d'un mois en organisme charitable, mais qui, passé ce délai, abandonne ces personnes à leur triste sort. Le constat sur le terrain fait ressortir d'ores et déjà des lacunes à même de remettre en cause le principe même de cette action de circonstance, car les communes ne sont pas toutes logées à la même enseigne en matière de budget alloué à l'opération. Hormis l'enveloppe financière qui est dégagée sur fonds de wilaya, les APC sont également mises à contribution en puisant dans leurs propres ressources. Dans certaines communes nanties, les familles déshéritées perçoivent jusqu'à 5000 DA en guise d'aide, alors que dans d'autres le montant s'apparente à une assistance symbolique plutôt qu'à un soutien conséquent. A Mahelma, l'APC a recensé près de 1300 familles nécessiteuses mais «pour lesquelles les services de l'APC vont attribuer entre 2500 et 3000 DA par famille», assure Belkacem Mohamed, président de l'APC. Par contre, aux Eucalyptus, le premier responsable de l'APC, Oucher Abdelghani, dira : «L'APC va attribuer cette année 4000 DA pour chaque famille nécessiteuse recensée, soit un total de 3450.» Et d'ajouter : «L'APC participe dans cette opération à hauteur de 90 %.» Des communes telles que Birkhadem ou Alger-Centre octroieront jusqu'à 5000 DA pour chaque famille déshéritée, «nous avons recensé près de 2500 familles auxquelles l'APC va octroyer 5000 DA», affirme M. Bettache, P/APC d'Alger-Centre. Il apparaît de ce fait qu'il est inéquitable de donner 2500 DA pour des familles qui vivent les mêmes conditions de misère que celles pour lesquelles on attribue 5000 DA, mais tout compte fait, que ce soit 2500 ou 5000 DA, cela reste en deçà des besoins de ces familles dont le pouvoir d'achat est en perpétuelle érosion. Dans un autre registre, ce sont les restaurants Errahma qui prennent le relais en venant au secours des citoyens pauvres. Les pouvoirs publics s'enorgueillissent du nombre de ces restaurants ouverts pour cette année et qui est de l'ordre de 600, ce nombre reste cependant insuffisant, car les APC en financent la majorité sur leurs propres fonds ce qui soulève encore une fois le problème du manque de moyens financiers. Aux Eucalyptus, l'APC a contribué dans le financement du restaurant Errahma à hauteur de 90%, «le restaurant que l'APC a ouvert cette année est en train de distribuer 500 repas par jour», assure le P/APC. Ceci étant, la commune ne manque pas de bienfaiteurs et a vu l'ouverture d'un restaurant par une association locale «Hiraa», et il est fort probable que trois autres restaurants ouvriront prochainement leurs portes, mais «avant ils doivent se conformer aux règles imposées par le service d'hygiène de l'APC», assure notre interlocuteur. Néanmoins, pour cette année beaucoup d'APC n'ont pas ouvert de restaurants, ils ont, pour ainsi dire, dérogé à la règle, au grand dam de ceux qui n'ont que ces endroits comme ultime recours afin d'y calmer leur faim.