Le chardonneret, appelé dans le jargon populaire « moknine », un petit oiseau chanteur au plumage chatoyant et coloré, très friand de graines de chardon d'où son nom, va-t-il disparaître de notre environnement ? La question mérite d'être posée à un moment où l'Association de protection de la nature et de l'environnement (APNE) lance leur énième bulletin d'alerte sur la terrible menace qui pèse sur la survie de cet oiseau menacé d'extinction en raison même de ses qualités inégalables de chanteur. Il fait partie des 336 espèces d'oiseaux répertoriées dans notre pays, dont 107 sont protégées à l'instar du chardonneret. Malheureusement, d'après Abdelmadjid Sebbih, président de cette association écologique, ce chanteur hors pair est victime d'une chasse aveuglée et intensive qui n'épargne ni les mâles ni les femelles, celles-ci étant chassées même dans les périodes de reproduction, seul gage de la préservation et de la pérennité de l'espèce. Victime de sa réputation, le chardonneret est recherché pour la valeur marchande qu'il représente, nous dit cet écologiste de la première heure, engagé dans tous les combats visant à la protection du cadre de vie, de la faune et de la flore de la wilaya de Constantine. D'après les investigations faites sur le terrain par plusieurs éléments de l'association, d'énormes profits sont engrangés dans le commerce des chardonnerets, structurés de plus en plus autour d'une organisation mafieuse qui a tissé une énorme toile d'araignée sur l'ensemble du territoire nationale, notamment au centre du pays où se trouverait son QG. « Les commanditaires de ce marché illégal, pratiqué à grande échelle et en toute impunité, viennent s'approvisionner à Constantine auprès de revendeurs non moins scrupuleux qui leur livrent chaque année des centaines de chardonnerets », nous dit le président de l'APNE qui pointe un doigt accusateur sur les fossoyeurs de cette espèce mise également en danger par la multiplication de petits circuits parallèles, dont les profits sont tirés essentiellement du marché à ciel ouvert situé en aval du marché Boumezou où se pratique un business florissant et prospère par le fait d'un laxisme que les écologistes de l'APNE dénoncent avec vigueur. Un laisser-aller coupable qui met également en péril d'autres espèces animales protégées par la législation en vigueur, mais néanmoins vendues ostensiblement sur ce marché, sans que leurs auteurs ne soient inquiétés pour autant. « Si des mesures draconiennes ne sont pas prises par les autorités compétentes de la wilaya pour mettre un terme aux agissements de la mafia du chardonneret, il faut craindre que cet oiseau ne disparaisse un jour du paysages du constantinois et même de l'algérien », conclut le président de l'APNE.