En ce mois de Ramadhan 2005, les indicateurs objectifs des cours du marché laissent perplexes les citoyens de la ville des Ponts, essentiellement en raison d'une stabilité des prix exceptionnelle en cette période habituellement marquée par une inflation galopante qui semblait jusque-là, telle une fatalité, indissociable de ce mois de jeûne. Une fatalité payée au prix fort par les petites bourses saignées à blanc par les prix exorbitants affichés dans les marchés pour chacun des produits de base. Ceux-ci sont indispensables dans ces moments particuliers où les fantasmes culinaires, ajoutés à l'inflation des prix, creusent de gros trous dans le budget familial. Un cercle vicieux synonyme d'endettement, voire de surendettement pour de nombreuses familles qui avouent volontiers que la mercuriale de ce Ramadhan 2005 est une véritable bénédiction pour leurs maigres escarcelles. En d'autres temps, on aurait imputé ce phénomène à Mercure, le dieu antique du commerce lequel, dans un moment de grande mansuétude, aurait décidé de geler sinon de tirer vers le bas les cours de toutes les denrées indispensables aux bons plats mijotés pour les estomacs criant famine des jeûneurs. A la veille d'aborder le troisième quart temps et dernière ligne droite du mois de Ramadhan, on se plaît à comparer les prix avec les cours de l'exercice précédent. Souvenez-vous, les prix de la tomate, du piment et du poivron indispensables à une bon plat de h'miss étaient proposés largement au-dessus de la barre des 100 DA. Aujourd'hui, le cours de la tomate oscille entre 20 et 25 DA et celui des deux autres légumes entre 30 et 50 DA. Idem pour les haricots verts, premier choix, ils sont écoulés à 40 DA le kg alors que leur prix frisait les 120 DA à la même période du mois de Ramadhan 2004. La pomme de terre, très prisée par les plus jeunes et adoptée unilatéralement par leurs aînés en tant que trait d'union indispensable à la réussite des boureks, est à 20 DA le kg, comparativement à la jointure du mois de Ramadhan 2004 où il avait défrayé la chronique de la mercuriale en étant proposé dans les étals du Vieux Rocher à 70 DA/kg. Quant aux savoureuses courgettes de Hamma Bouziane, elles sont aujourd'hui à la portée des plus petites bourses, très loin du cliché de légume de luxe qui lui avait collé à la peau tout au long du dernier Ramadhan. Le cours des fruits est également très favorable, permettant à la ménagère d'agrémenter au moindre coût la table du f'tour. De succulentes poires sont proposées au marché Boumezou et à celui de Belouizdad (ex-Ferrando) entre 50 et 70 DA. Tout comme le prix de la banane, celui du raisin avoisine les 70 DA, un ton au dessus de la pomme proposée, selon la qualité du produit, entre 80 et 120 DA/kg. Les prix de la viande blanche n'échappent pas à cette incroyable poussée vers le bas qui ne peut être imputée au phénomène de la grippe aviaire qui menace l'Europe toute proche, souligne-t-on au niveau des services compétents. Du jamais vu en cette période particulière de l'année. Hier, le poulet de chair était proposé en fin de journée au marché Boumezou à 150 DA/kg, à la grande satisfaction des chefs de famille qui ont vite opéré, à la faveur de ce cours exceptionnel, une véritable razzia qui a rapidement mis à sec tous les étals qui exposaient ce produit encore plus apprécié en ce mois de Ramadhan. Même scénario concernant l'escalope et la cuisse de dinde qui ont été écoulées respectivement à 280 et à 150 DA/kg. La viande rouge congelée n'a pas dérogé à la règle, faisant ainsi l'affaire des petites et moyennes bourses. La viande bovine entre 200 et 400 DA selon la partie choisie et la viande ovine entre 360 et 420 DA.