Grâce au ministre du Commerce, l'inspecteur Taha et son apprenti ont réussi à avoir une audition chez le président de la République, pour tenter d'arrêter Boumekrach, intouchable. Il est 17h, heure de la 236e bagarre de la journée à Alger quand la Maruti monte péniblement les boulevards qui mènent sur les hauteurs, El Biar et Djenane El Mithaq. - Elle a du mal à monter, inspecteur. - Toi, tu as toujours autant de mal à te taire. L'apprenti replie son dos voûté. Il reprend, peu après : - Il paraît que les auditions présidentielles n'ont pas lieu, inspecteur. Je l'ai lu dans le journal. C'est juste un montage. L'inspecteur a réfléchi à cette éventualité. Lui aussi lit les journaux, c'est d'ailleurs comme ça qu'il décide de ses missions. A ce propos, dans la presse d'hier il était indiqué que deux têtes d'âne ont été retrouvées à Bordj Bou Arréridj, ce qui voudrait dire que les corps ont été transformés en viande hachée. Encore un nouveau crime. Et si le Président n'était pas là, qui les recevrait ? Un clone, un hologramme, une image en 3D ou simplement un sévère chef de protocole qui ne connaît rien aux intoxications alimentaires. - On verra. Mais il faudra aller à Bordj... L'apprenti n'a pas compris. Mais en quelques virages, la Maruti est arrivée. Elle pousse un soupir de soulagement et s'arrête sur le côté droit. - Qu'est ce qu'on fait, demande l'apprenti, observant l'entrée de Djenane El Mithaq, gardée comme la réserve fédérale d'or américaine. - On entre avec la voiture ? - Ils vont nous tirer dessus. Un policier arrive à leur niveau, la main sur le revolver de fonction : - Dégagez votre jouet ! Ce n'est pas un cirque ici ! L'inspecteur sort immédiatement sa carte : - Inspecteur Taha, chargé des investigations, fraudes, crimes et intoxications à la brigade centrale de contrôle alimentaire. Et voici mon apprenti. Le président nous attend. - Lequel ? … A suivre.