Le Syndicat des magistrats de la Cour des comptes a accueilli avec satisfaction la décision des hautes autorités du pays de réactiver cette institution de contrôle. Les responsables dudit syndicat, qui n'ont jamais cessé de dénoncer l'enterrement de leur cour, saluent le geste des autorités qui ont décidé, par une ordonnance adoptée mercredi dernier en Conseil des ministres, de réhabiliter ce redoutable instrument de lutte contre la corruption. «C'est une très bonne chose. Cela va dans le bon sens», affirme le président du syndicat des magistrats, Harech Zineddine, contacté hier. Selon lui, la réactivation de la Cour des comptes n'est que l'aboutissement d'une longue bataille menée par le syndicat en vue d'obtenir sa réhabilitation. «Le président de la République a entendu nos plaintes. Je pense que sa réactivation traduit une volonté politique de lutter contre la corruption et le détournement d'argent. Le président de la République ne peut pas lutter seul contre ce fléau. Il faut la conjugaison des efforts de toutes les institutions. Les modifications apportées par l'ordonnance adoptée par le Conseil des ministres vont renforcer le rôle de la Cour», déclare Harech Zineddine. Et d'ajouter : «Nous étions dans une situation très compliquée, cette ordonnance va mettre un terme à notre calvaire.» En somme, l'ordonnance en question est le meilleur cadeau d'anniversaire pour la Cour des comptes qui fêtera dans quelques jours son 31e anniversaire. En effet, l'ordonnance modifiant et complétant l'ordonnance n°95-20 du 17 Juillet 1995, relative à la Cour des comptes adoptée par le Conseil des ministres, redéfinit les missions et le rôle de cette dernière. Ce texte élargit les missions de la Cour qui devra renforcer, désormais, la prévention et la lutte contre les diverses formes de fraudes, de pratiques illégales ou illicites, portant atteinte au patrimoine et aux deniers publics. Le champ de contrôle de cette institution sera également étendu. Elle aura dorénavant la latitude de surveiller les entreprises publiques et celles dans lesquelles l'Etat détient la majorité des actions. «A la faveur de ce texte, la Cour des comptes s'assurera de l'existence, de la pertinence et de l'effectivité des mécanismes et procédures de contrôle et d'audit interne, chargés de garantir la régularité de la gestion des ressources, la protection du patrimoine et des intérêts de l'entreprise, ainsi que la traçabilité des opérations financières, comptables et patrimoniales réalisées», explique-t-on dans le communiqué du Conseil des ministres. Ignorée depuis l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999, la Cour des comptes est passée par une situation délicate. Le Syndicat des magistrats de la Cour avait même dénoncé, sur les colonnes d'El Watan, «la non-gestion et le mépris dans lesquels ils se débattent». Cette situation a engendré des dysfonctionnements, en particulier le recul de la mission de contrôle au sein de la Cour des comptes. Les syndicalistes ont également dénoncé l'absence d'un plan de gestion des ressources humaines «notamment les magistrats, dont le nombre n'est pas adéquat avec le nombre important des justiciables».