Les chantiers de construction navale de Zemmouri-El-Bahri et de Dellys font face à plusieurs difficultés d'ordre administratif et financier qui entravent sérieusement le développement de cette industrie dans la région. Entre autres problèmes, un chef d'atelier au chantier de la Sarl Corenav, implanté au port de Zemmouri-El-Bahri, se plaint du «gel des autorisations d'acquisition d'unités de pêche depuis plus d'un an». Par conséquent, «il y a des bateaux qui sont achevés depuis un an, mais faute d'autorisation au profit de leurs acquéreurs, ils sont toujours dans l'eau. De ce fait, le constructeur doit se limiter à la réparation uniquement, ce qui ne lui permet pas d'amorcer son investissement et de rembourser les crédits contractés. En outre ces barques non exploitées sont encombrantes. Et l'acquéreur a mis de l'argent dans un projet en suspens. Au-delà de six mois dans l'eau, le bateau doit être repeint et entretenu. Ainsi l'acquéreur commence à dépenser avant même qu'il ne débute l'exploitation de sa barque», déplore-t-on au niveau desdits chantiers. Ayant acquis un bateau de 12 m l'été dernier auprès du charpentier du coin, Mourad, un marin rencontré au port de Dellys, attend toujours sa régularisation. «Des responsables du ministère de tutelle nous ont promis, de mettre fin à notre calvaire avant fin juillet dernier. On nous a convoqués à la direction de la pêche de Tizi Ouzou, où nos bateaux sont domiciliés. Alors, nous leur avons remis des documents attestant de l'état des barques acquises (achevées ou en cours de réalisation). Mais jusqu'à présent rien n'est encore fait», regrette Mourad. Les ouvriers du chantier de Dellys se plaignent également des conditions de travail pénibles et désavantageuses. Situé en plein air, à l'extérieur du port de surcroît, ce chantier est des plus dur. Les ouvriers y sont exposés à la chaleur et au froid. Et une fois le bateau construit, il est difficile de le mettre à l'eau en raison de la situation du chantier. «On aurait dû mettre à notre disposition un hangar à même le port, comme c'est le cas de la Corenav à Zemmouri-El-Bahri», estiment les ouvriers. Les constructeurs de bateaux soulèvent par ailleurs la pénurie des matériaux (bois et des clous galvanisés). «Pour nous en approvisionner, on se déplace jusqu'à Bou Haroun et El Qol (wilaya de Skikda). Et des fois, ils sont carrément introuvables sur le territoire national», se désole-t-on.