La presse locale a rapporté en début de semaine les faits tragiques d'une rixe éclatée entre deux adolescents de 13 ans pour se terminer dans un bain de sang. C'est arrivé dans l'enceinte d'un collège du quartier El Gammas, où rares sont les jeunes qui ne portent pas sur eux des armes blanches. Même la direction de l'école primaire de ce quartier populaire et périphérique de Constantine est impuissante devant le phénomène de port d'armes et de violence parmi ces enfants qui ont perdu à jamais leur innocence. Les parents sont loin d'ignorer les excès de leur progéniture et s'en réjouissent tacitement pour certains qui ont adopté de nouvelles valeurs pour survivre, disent-ils, aux lois de la jungle. El Gammas ne se distingue en rien des autres quartiers de la ville. Constantine est absorbée depuis quelques années par le tourbillon de la criminalité et la délinquance qui en ont fait un véritable traquenard pour la population inoffensive et sans défense. La consommation massive de psychotropes vulgarisée par des vendeurs sans scrupules parmi les grossistes et les détaillants du médicament a achevé de transformer toute une génération en zombies capables du pire. Non loin du centre-ville, le quartier de Djenan Ezzitoun a subi les méfaits de cette criminalité qui a atteint son pic durant l'été 2004. Ici, une poignée de jeunes repris de justice et multirécidivistes a imposé sa loi pendant longtemps et troublé la quiétude des familles par les agressions quasi quotidiennes, les cambriolages, vols à la roulotte, vols de portables, etc. Une situation intenable qui a conduit à la révolte de la population, la poussant à décider de se faire justice à la suite d'une énième agression. Une affaire qui a fait les choux gras de la presse à l'époque et déclenché toute une campagne médiatique tirant l'alarme sur la multiplication des crimes, l'insécurité qui en découle et la mollesse inexpliquée des services chargés du maintien de l'ordre. Les premiers fruits de cette campagne allaient être cueillis dans les milieux de la commercialisation illégale des psychotropes, notamment le fameux Rivotril qui faisait des ravages parmi les jeunes et attirait une clientèle des wilayas limitrophes. Les brigades de la gendarmerie et ensuite la police ont réussi plusieurs coups de filet impliquant de puissants dealers et même des responsables de la société Digromed ainsi que des pharmaciens. Depuis, les descentes policières et les activités de la gendarmerie se sont concentrées sur ce nouveau phénomène appelé la petite criminalité, fournissant chaque semaine des bilans importants. Depuis le mois d'août, des opérations spéciales impliquant les deux corps ont été conduites dans les zones qualifiées de chaudes, notamment la nouvelle-ville Ali Mendjeli, Aouinet El Foul, Oued El Had, la cité des Martyrs et le centre-ville même occupé tout le temps par des groupes de jeunes désœuvrés guettant des proies faciles. Ces opérations qui ont nécessité parfois l'emploi de 350 agents en plus des brigades canines ont permis l'interpellation de 530 personnes dont une centaine a été présentée devant les tribunaux et impliquée dans des affaires de possession et consommation de drogue, ivresse publique et vente illicite d'alcool alors que la palme d'or est revenue incontestablement au délit de port d'arme prohibée et de bombes lacrymogènes. Ces opérations ont repris au début du mois d'octobre et se poursuivent encore. Et même si les statistiques officielles avancent le net recul de l'acte criminel et la disparition totale du Rivotril du marché, les rues de Constantine demeurent la proie des agissements de ces fous agresseurs renvoyant le sentiment d'insécurité au pauvre citoyen qui ne sait plus comment faire pour se protéger et protéger ses enfants.