C'est une véritable chasse aux Algériens en Espagne. La communauté algérienne résidant notamment aux îles Baléares (Espagne) subit les pires formes de pression et de racisme de la part des autorités sécuritaires espagnoles. Même les autorités civiles ne réservent pas de traitement meilleur à ces Algériens qui, pourtant, sont dans les normes et n'ont rien à voir avec les centaines d'immigrés clandestins ayant subi un traitement affreux à Ceuta et Melilla il y a quelques jours. « Les Algériens habitant les îles Baléares n'ont pas eu droit au même traitement que les autres communautés y résidant. Cela ne datait pas d'hier », a affirmé Nordine Belmeddah, président de l'association et de la communauté des Algériens aux îles Baléares, lors d'une conférence de presse animée hier à la Maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. Une association créée le 17 octobre 1999 pour défendre les intérêts de la communauté algérienne. En effet, les quelque 1800 ressortissants algériens habitant cet archipel souffrent d'un traitement déconsidéré. Pis encore, les Algériens font les frais d'une lutte aveugle contre le terrorisme international. Selon Nordine Belmeddah, beaucoup d'Algériens ont été arrêtés arbitrairement, ces derniers mois, dans différentes villes espagnoles, en particulier Palma, capitale des îles Baléares, Madrid et Alicante. Arrêtés sans preuves tangibles prouvant leur innocence, de nombreux Algériens, a attesté l'orateur, croupissent dans les prisons espagnoles, sans être jugés. « Pour certains d'entre eux, la prison dure depuis 5 ans sans que la justice ibérique daigne les juger », a-t-il déploré. Les autorités espagnoles préfèrent, a-t-il indiqué, les mettre en prison et chercher par la suite les chefs d'inculpation à leur coller afin de justifier leur arrestation. Cette campagne de chasse aux Algériens est menée, selon le conférencier, sous prétexte de lutte contre le terrorisme. « Il y a encore des Algériens emprisonnés pour ce motif de terrorisme, dont 4 sont à la prison d'Alicante. J'ai été contacté par leurs avocats qui sont indignés par le traitement qui leur est réservé », a-t-il précisé avant d'ajouter : « Il y a encore d'autres cas similaires. » La maltraitance des ressortissants algériens résidant en Espagne prend également d'autres formes. Ils sont traités de voleurs et de délinquants. « Pour la police de Palma, les Algériens sont des voleurs et doivent être surveillés de très près », a-t-il déclaré. Toutefois, l'association n'est pas restée les bras croisés. Des contacts, a souligné Norddine Belmeddah, ont été établis avec les autorités sécuritaires et civiles de Palma afin de soigner la réputation de la communauté algérienne. Norddine Belmeddah dit également avoir transmis tous ces problèmes au ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. « Nous avons tenu, mardi dernier, une réunion avec le ministre des Affaires étrangères auquel nous avons communiqué tous ces problèmes. J'ai rencontré aussi le directeur des services consulaires qui a promis d'étudier la question », a-t-il annoncé. « Nous souhaitons que la diplomatie algérienne règle ces problèmes », a-t-il lancé. La communauté algérienne vivant aux Baléares a d'autres problèmes au niveau des Douanes algériennes. Selon l'interlocuteur, certains agents des douanes leur demandent la « tchipa ». Les doléances sont encore nombreuses. C'est afin de défendre les intérêts de la communauté et unir les immigrés algériens que l'association a créé, au mois de septembre dernier, une chaîne de radio communautaire, Medina Majorque. « Nous avons invité le ministre des Affaires étrangères à rendre visite à notre chaîne », a-t-il affirmé.