Surpris par la décision du président de la Fédération algérienne de basket-ball (FABB), un grand nombre de dirigeants de club, qui continuent à manifester leur solidarité, s'interrogent sur l'origine du retrait du président Mustapha Berraf. Ce dernier a tenu à apporter des éléments de réponse à leurs interrogations. Vous venez de démissionner. Vous avez surpris la famille de la balle au panier. Les dirigeants des clubs de basket-ball veulent connaître les raisons ... Ma décision a été mûrement réfléchie. Après avoir passé 42 années de ma vie dans cette discipline sportive, cette démission aura été une obligation par rapport à mes principes. Ma vie est régie par des principes. Aujourd'hui, je me vois confronté aux principes de la liberté et de la démocratie dans la pratique sportive, la liberté d'expression et d'association d'une part et d'autre part une proposition et une injonction des textes qui m'obligent à admettre un quota de 30% de l'assemblée générale désigné d'ailleurs. Je maintiens toujours qu'un accès à une AG représente le résultat de plusieurs années d'efforts, de sacrifices et de militantisme dans une discipline sportive. Il n'est pas question pour moi d'accepter qu'une autorité administrative décide unilatéralement d'un quota important à imposer dans une AG d'une association sportive. Après avoir alerté et saisi les pouvoirs publics, quelle a été la réponse ? La réponse des autorités à mes écrits et à mes propositions a été tout simplement la désapprobation des responsables du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS). Je tiens à vous affirmer que j'ai le plus grand respect pour la personne du ministre Yahia Guidoum. Mais je dois dire que les dernières dispositions prises par le MJS illustrent l'empiètement sur les libertés d'associations, les membres fédéraux et les militants bénévoles honnêtes des fédérations sportives. Je ne souhaite pas évoquer d'autres disciplines. Mais je reconnais qu'au niveau de certaines associations et fédérations sportives, on retrouve des pseudo-dirigeants qui intègrent les associations pour leurs propres intérêts. Il ne faut pas mettre l'ensemble des dirigeants sportifs sur un même piédestal. Il existe en Algérie des femmes et des hommes qui se sacrifient pour le mouvement sportif national. Nous devons les respecter. Il ne faut pas oublier que ces femmes et hommes, durant la décennie noire, avaient répondu à l'appel pour représenter notre pays lors des événements sportifs nationaux et internationaux. Ils ont même été consultés par les autorités du pays au titre de représentants d'une frange de la société civile. Vous estimez ainsi que le décret n° 405-05 sur les fédérations sportives est négatif ? Il n'y a pas uniquement que des choses négatives. En effet, j'ai affiché ma position et j'ai toujours été d'accord pour un contrôle rigoureux. Chaque dirigeant d'une association sportive est obligatoirement comptable de sa gestion et de ses actes vis-à-vis de l'AG et des pouvoirs publics. Néanmoins, ce qui constitue à mon sens un dysfonctionnement, c'est l'existence de certains articles dans ce décret qui ne sont pas en phase avec le développement du sport national et les voies du progrès et de la modernité, que nous nous sommes tracées. Il n'en demeure pas moins, qu'à mon humble avis, restreindre les libertés au sein des associations et imposer aux dirigeants à quitter leur poste au-delà d'un mandat, après avoir été élus démocratiquement et souverainement par les membres légaux de l'AG, est une décision qui est en contradiction avec la loi sur les associations qui s'applique sans distinction pour les associations politiques et apolitiques. Les concepteurs de ces articles du décret n'ont pas mesuré les conséquences. Les nouveaux textes précisent que le président et les membres fédéraux ne sont plus éligibles après un mandat, cela signifie qu'ils ne sont plus électeurs. A mon sens, c'est une procédure d'exclusion à peine voilée que les concepteurs de ce décret ne veulent pas proclamer haut et fort. Vous avez affirmé que des instances sportives internationales vont réagir ... Je n'ai jamais évoqué ni les réactions ni les retombées à partir des instances sportives internationales. Je préfère dire que nous courons un grand risque, d'avoir des complications avec certaines fédérations sportives internationales qui disposent de statuts et sont régies par des règlements. Le mouvement sportif national par le biais de ses fédérations avait adhéré librement à ces instances sportives internationales. Au moment où je vous parle, j'ignore la réaction de la FIBA-Monde. Il faut s'adresser auprès du premier vice-président de la FABB, Rabah Bouarifi, qui assure à présent l'intérim de la présidence de la FABB. Le président de la FABB en a ras-le-bol ? Je n'arrive pas à admettre que quelques responsables du MJS s'amusent à comparer le 1/3 présidentiel pour le Sénat à celui d'une association sportive. C'est regrettable que nous soyons arrivés à imiter les 30% au 1/3 bloquant d'une institution de la République de notre pays. Certains responsables du MJS se sont même aventurés à donner des interprétations tendancieuses et erronées de l'article 17 des statuts de la FIFA. Je souhaite qu'il y aura une prise de conscience, un mouvement de sagesse, afin que tout rentre dans l'ordre et la famille sportive retrouvera sa sérénité.