Profitant de l'inauguration des locaux du consulat général de Lyon, mercredi dernier, le secrétaire d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger a rencontré en soirée des personnalités franco-algériennes du monde politique, universitaire et associatif de Lyon. Lyon. De notre correspondant Mercredi dernier, à Lyon, l'ambiance était forcément à la joie lors de la visite des nouveaux locaux splendides dont est, enfin, doté le consulat général d'Algérie à Lyon, dirigé par Abdelkader Kacimi El Hassani. Quittant le vieil hôtel particulier de la rue Vauban, vétuste siège occupé depuis l'indépendance, l'administration algérienne s'est installée à quelques mètres de là, dans un espace spacieux, digne de l'importance du nombre de ressortissants immatriculés. De ce lieu, on peut voir l'avenir avec plus de clarté, notamment celui des relations entre Lyon, et de manière plus large la région Rhône-Alpes, avec l'Algérie. Déjà le Grand Lyon (la capitale régionale et les communes de la ceinture urbaine) entretient des relations suivies avec Sétif, dans le cadre d'une coopération décentralisée qui va en se développant. Ensuite Villeurbanne, une des plus grosses communes limitrophes, entreprend un processus de jumelage avec El Eulma (lire ci-joint). Autant de raisons, entre beaucoup d'autres, qui devaient pousser Halim Benatallah, le secrétaire d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger, à ouvrir le débat avec des ressortissants d'origine algérienne installés dans la région lyonnaise. L'objet essentiel de la démarche du ministre est de poser les jalons de la création espérée du conseil consultatif de la communauté algérienne en France. Ce serait un outil utile pour l'organisation des Algériens entre eux, face aux institutions françaises et enfin, un interlocuteur visible des autorités algériennes. Halim Benatallah devait, à ce sujet, rappeler quelques constats sur la transformation radicale de l'émigration algérienne en France. «La situation a évolué», a-t-il affirmé, estimant qu'on n'était plus au temps de l'ex-Amicale des Algériens en France, relais de transmission du pouvoir. «Il y a des tabous à faire tomber et en prendre acte», martela-t-il. Le premier est celui de la perspective du retour au pays : «Il faut changer d'optique. La communauté est destinée à s'installer durablement. Pour l'Algérie, il y a dans cette réalité des richesses et un potentiel à exploiter.» Le deuxième tabou, qui était plus difficile à lever, tant est qu'il le soit vraiment, est celui de la binationalité. «Il n'y a pas longtemps, on n'osait pas en parler, comme quelque chose de non assumé par les citoyens. Pourtant, ce n'est ni une contrainte ni une entrave, mais une réalité à prendre en compte.» Une communauté atomisée A partir de ces tabous qui n'en sont plus, le challenge est d'établir un tableau de bord de la communauté algérienne. «Ce n'est déjà pas si facile pour avoir des statistiques fiables sur ce qu'elle est. Les données dont nous disposons sont hétérogènes et pour une part obsolètes.» Le ministre a décidé de trouver les moyens de mener cette étude, en entamant ce travail de «fixation sociologique de notre communauté : jeunes, recensement fiables de la matière grise, savoir écouter ce que dit et pense la communauté». Pour cette démarche, il a besoin que les informations remontent. Et non pas insuffler d'en haut la marche à suivre, si tant est que ce fut un jour le cas. «L'exercice de la radioscopie est difficile dans une communauté atomisée, souvent inorganisée, avec la particularité cependant d'une mobilisation dans le milieu du culte, l'associatif venant derrière», devait conclure le secrétaire d'Etat, souhaitant que dans les échanges avec les Algériens, dans un objectif constructif, on puisse être avant tout «pragmatique», pour «construire à partir de projets», un mouvement structurant qui fonctionne. Halim Benatallah a précisé : «Nous n'avons pas le droit à l'échec.» Pour la marche à suivre, il indiqua avoir son mode d'emploi, mais qu'il préférait recueillir les avis. «Il faut réunir les conditions du succès. Se tromper de méthode pour mettre en place un conseil consultatif non représentatif créerait la désillusion.» Pour lui, les idées doivent remonter afin de donner le jour à un conseil «non élitiste parce que tous les segments de la société algérienne seront représentés». Dans la salle où avaient pris part des économistes, des universitaires, des représentants du culte, et nombre d'élus franco-algériens dans les communautés locales (mairies, département, région), beaucoup d'avis sur la volonté d'implication fusèrent avec passion. Parmi plusieurs sujets intéressants, une proposition fut retenue, celle de mettre en place des assises de la communauté algérienne. Halim Benatallah regroupa cette idée sous le générique «d'ateliers régionaux» pour lesquels il importe de faire passer le message. Les premiers verront-ils le jour à Lyon ? C'est vraisemblable, car les services consulaires ont déjà une base de données très avancée. Ces ateliers pourraient se faire d'abord autour des élus français d'origine algérienne, qui veulent faire entendre la voix de la communauté dont ils sont issus. Comme devait le dire Farida Boudaoud, vice-présidente de la région Rhône-Alpes, «notre génération est une génération de transition entre nos parents nés en Algérie, qui vieillissent dans cet exil, et les générations à venir. Ce qui nous anime, c'est le besoin d'un socle fédérateur».