C'est au cours d'une rencontre avec Raveh Inasliyen que nous avons fortuitement appris que le groupe, dont il porte le nom, s'est récemment produit en Irak au Festival international de Zyriab du 27 septembre au 2 octobre et au Festival de Babel du 3 au 8 octobre. «Cela s'est très bien passé. Le public et les participants étaient étonnés et ravis de découvrir cette musique venue d'ailleurs», nous dira Rabah, le fondateur et la véritable cheville ouvrière de ce groupe mythique né au début des années 1970. Précurseur d'une musique éclectique qui marie tradition et modernité, Inasliyen a contribué à asseoir les bases d'une musique kabyle moderne qui a su conquérir un public et un auditoire au-delà de ses frontières linguistiques. Dès sa naissance, sur les hauteurs d'Alger, au quartier d'El Biar, le groupe s'est montré d'un engagement sans faille pour la promotion et la défense de la culture berbère. C'est probablement ce qui lui a valu de souffrir de cet implacable ostracisme qui a frappé tous les porte-parole de la culture amazighe, Inasliyen a continué à produire et à se produire loin des circuits officiels. «40 ans de carrière et jamais un passage à la télévision», dit Rabah pour illustrer cette marginalisation qui n'a jamais voulu dire son nom. Le dernier opus du groupe, Vrighawen, sorti en 2008, a reçu un accueil chaleureux du public et ce, malgré une distribution calamiteuse. Il aura ainsi prouvé, par la qualité du travail fourni, que la formation de Rabah n'a rien perdu de ce potentiel artistique extraordinaire qui lui a permis d'apporter un nouveau souffle à la chanson moderne à travers ce style novateur et avant-gardiste qui est devenu son cachet. On peut ainsi s'étonner que le groupe reçoive une invitation du ministère de la Culture irakien mais jamais des responsables de la culture nationale. Inasliyen s'est déjà produit à plusieurs reprises en France, au Canada et ailleurs mais en Algérie les invitations ne proviennent que du mouvement associatif.