Ces ex-maîtres qu'on croyait enterrés, ruinés, brouillés, dispersés...font un retour fracassant avec Vrighaouène leur nouvelle album de neuf titres. Inasliyen, voilà un nom qui claque au vent tourmenté de l'histoire de la chanson kabyle. C'est celui d'une dynastie artistique qui a traversé une période euphorique. Un spécimen unique, hors pair, qui mérite la gratitude des siens, vu le service rendu à la culture algérienne, en général, et à la chanson kabyle en particulier. Ces ex-maîtres qu'on croyait enterrés, ruinés, brouillés, dispersés...font un retour fracassant avec Vrighaouène, leur nouvel album de neuf titres qu'il présente au niveau de l'espace Noon à Alger. Pourquoi l'espace Noon? «Je sais bien que cet espace est souvent réservé pour les expositions d'arts plastiques, photos et les promotions de nouvelles productions de livres littéraires, sociologiques et autres, mais cette fois-ci l'exception oblige, vu la valeur du groupe et sa production de qualité», répond la gérante de la galerie d'arts. La légende se mérite, il lui faut des sacrifices, Inasliyen revient sur le devant de la scène pour mener d'autres batailles pour des causes justes. Avec Vrighaouène qui veut dire «je vous divorce», l'artiste lance un message aux grands chefs, opportunistes, aliénés...dans leurs palais d'or, qui n'ont, à son sens, absolument pas conscience du quotidien de leur peuple. A présent, chacun assouvit ses ambitions politiques au lieu de pourvoir aux nécessités d'urgence. L'heure est à la présentation de l'album, Rabah Inasliyen, porte-parole du groupe, explique: «Pour l'épanouissement de l'art, l'autocritique et sa mise en oeuvre en présence d'une situation où l'artiste connaîtra ses droits et ses obligations, sont indispensables, notamment le code de conduite des responsables et des artistes. Un contrat moral qui sera l'épicentre d'un éventuel esprit d'artiste s'impose.» Après cette brève introduction, Rabah Inasliyen nous avoue les problèmes dus au manque de moyens qu'il a endurés pour mettre en lumière cet album. «Je tiens à remercier tous les amis qui m'ont soutenu pour réaliser cette oeuvre, en particulier Bazzou qui était d'un très grand apport pour ce projet.» Et d'enchaîner: «Cet album contient neuf titres, j'ai traité divers thèmes sensibles pour sortir de cet état d'engourdissement après les horreurs qui ont été les nôtres.» Rabah satisfait notre curiosité en nous faisant écouter et commenter ses oeuvres. Entre autres, Anaray (le citoyen). «On est souvent surpris par le visage fermé des citoyens, leur regard lointain, comme si le sourire n'avait plus cours dans ce pays aux ´´mille sourires´´. Des sourires de façade, le fond de l'âme d'un Algérien est d'une intense gravité. Les gens sortent à peine du cauchemar que l'on ne peut imaginer.» Dans Thirga nagh (nos rêves), l'artiste s'est inspiré des famines qui s'abattent sur les pays pauvres alors que leur malheur fait le bonheur des pays riches. Une emblématique résumée à un enfant mort dans les bras de sa maman se voyant, dans le futur, être l'objet d'une délicate fouille archéologique. Les autres titres ne manquent pas d'égard, vu le choix des thèmes, en l'occurrences Thairi umediaz, Sans titre, Akhanaf...Inasliyen revient avec des mots durs et forts qui font mal, au tréfonds de tout un chacun, les mauvais se sentiront visés. Alors, bon retour sur scène.