Le métier de journaliste dérange le Maroc. La chasse aux médias étrangers qui dénoncent la répression et les violences exercées par les forces d'occupation marocaines contre les populations sahraouies des territoires occupés se poursuit. Après avoir chassé plusieurs journalistes qui voulaient aller au Sahara occidental, c'est au tour d'un correspondant de la RTBF et du journal Le Soir d'être, lui aussi, expulsé par les autorités marocaines alors qu'il essayait de comprendre ce qui s'était réellement passé près de la ville d'El Ayoun, le 8 novembre, lors de l'attaque du «camp de la liberté». Les autorités marocaines avaient déjà décidé de fermer les bureaux d'Al Jazeera et retiré l'accréditation du correspondant du quotidien espagnol ABC. «Les journalistes professionnels et assimilés accrédités sont tenus d'exercer leur profession dans le cadre du respect de la souveraineté nationale», a averti vendredi dernier le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain. Il faut dire que la presse étrangère, particulièrement espagnole, accusée de «diffamatoire» à l'égard des derniers événements d El Ayoun, fait l'objet de critiques acerbes par les médias et le gouvernement marocains. Le Maroc, pays souverain, ne sera pas complaisant avec les journalistes qui font fi de la déontologie professionnelle et manifestent clairement des positions hostiles aux intérêts du royaume, a estimé, mardi à Rabat, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri. Ce n'est un secret pour personne que les relations entres la presse étrangère et le Maroc sont orageuses. Le makhzen veut justifier son black-out médiatique imposé aux territoires occupés du Sahara occidental. Sinon que reproche-t-on alors à nos confrères espagnols ? La diffusion par EFE, d'une photo d'enfants blessés à la tête recevant des soins dans un hôpital, reprise par les grands journaux espagnols, a essuyé des critiques de la part des médias marocains. Le traitement réservé par certains médias espagnols et la chaîne d'information qatarie Al Jazeera, aux développements de la question du Sahara, est qualifié par la presse marocaine de simple mise en scène qui sert les intérêts des ennemis de l'intégrité territoriale du royaume. Au-delà de cette vidéo, pourquoi le Maroc s'acharne-t-il sur les médias et les ONG qui voudraient s'enquérir de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental ? Mais les autorités d'occupation marocaines veulent continuer à massacrer à huis clos les civils sahraouis qui ne demandent que leur droit à l'autodétermination. Et pour ce faire, selon Reporters sans frontières (RSF), «une dizaine de correspondants étrangers ont été déjà empêchés» de se rendre à El Ayoun, au Sahara occidental, après l'attaque par les forces d'occupation marocaines du camp Gdeim Izik. A qui le tour ?