Des ossements de sept chouhada découverts en avril 2009 dans une fosse commune à Aougrout, une petite localité située à 60 km au sud-ouest de Timimoun, se trouvent toujours dans leurs cercueils respectifs, entreposés au parc de cette APC, selon Hadj Miloud Belâagoun, secrétaire général de wilaya des moudjahidine d'Adrar. Face à cette situation, ce moudjahid de la Wilaya 5 zone 8, qui a fait parti des 63 mutins de Hassi Saka (Timimoun) en octobre 1957, interpelle le ministère des Moudjahidine pour procéder à l'inhumation de ces martyrs. Les moudjahidine de la région, à leur tête la section locale d'Adrar de l'ONM, réclament la mise sous terre de leurs compagnons d'armes. Selon le secrétaire général, cela fait une année qu'un procès-verbal attestant l'authenticité et la reconnaissance de ces corps comme étant ceux de chouhada a été adressé au ministère de tutelle. «C'est à l'unanimité des membres de l'assemblée générale que les corps des personnes sont reconnus comme étant ceux de chouhada… Nous sommes tous convaincus que ces sept personnes font partie des 24 moudjahidine portés disparus après le combat de Tasselgha le 16 octobre 1957», souligne M. Belâagoun. Cette thèse est solidement soutenue par Kaloum Mekki, sociologue, chercheur et ancien moudjahid, qui a écrit des centaines de pages sur cette épopée de Timimoun. Selon ce dernier, la violente réaction de l'armée française, sous le commandement de Bigeard, après la mutinerie de Hassi Saka, dont huit soldats français de la compagnie méhariste d'Adrar ont fait les frais, ne s'est pas fait attendre avec la mobilisation de 1500 parachutistes armés, soutenus par les blindés et l'aviation, qui ont procédé à un ratissage de terrain sur un rayon de 200 km. Impacts de balles Ainsi, plus d'une centaine de moudjahidine et leurs chameaux ont été abattus. Quarante-huit combattants, dont vingt-quatre civils, ont été internés dans un camp de fortune, installé à 15 km à l'est de Hassi Boukahla (entre Timimoun et El Goléa), puis jugés et condamnés sur les lieux sous une tente par un tribunal militaire. La moitié avait écopé d'une condamnation à mort et le reste a été transféré vers la prison militaire de Kenadza (Béchar). Hadj Belâagoun nous affirme aussi que pour les exécutions, les soldats français utilisaient un support par un hélicoptère qui, à chaque rotation, transportait un petit groupe de quatre à cinq personnes que l'on ne revoyait plus jamais. Ainsi, les ossements retrouvés font sûrement partie de ces malheureux groupes, car de plus, certains crânes de ces squelettes présentent des impacts de balles tirées à bout portant, et un autre corps a été décapité. Dans ce contexte, les membres de l'ONM d'Adrar souhaitent pour ces chouhada de la nation leur inhumation au carré des Martyrs d'Aougrout, notamment à l'occasion de la Journée nationale du chahid le 18 février 2011. Pour sa part, la direction des moudjahidine, qui n'affiche aucune opposition, affirme que le dossier en question a été transmis à la tutelle pour étude et qu'une réponse est attendue incessamment. Les ossements ont été découverts lors des travaux de fondation pour la réalisation de logements sociaux. Ce lieu se trouve à quelques pas derrière le siège la brigade de Gendarmerie nationale d'Aougrout qui, à l'époque coloniale, était une caserne militaire française à la 2e compagnie de Charouine. Bouziane Ouguirti Pour en savoir plus : lire El Watan Week-end du vendredi 19 février 2010. Timimoun l'incroyable épopée des déserteurs méharistes.