La non attribution des logements encourage le phénomène du squatt, qui cause d'énormes dégâts dans les cités. Des centaines de logements à caractère socio-locatif, achevés depuis plusieurs années dans la wilaya de Boumerdes, tardent à être attribués. Le problème est de taille lorsque on sait que des milliers de familles vivant dans des chalets très dégradés ou des bidonvilles dépourvus de la moindre commodité, attendent avec impatience la concrétisation des promesses qui leur ont été tenues pour voir enfin la fin de leur calvaire. L'attente semble avoir trop duré et l'espoir que nourrissent les mal-logés, pullulant aux quatre coins de la wilaya, ne semble pas se réaliser de si tôt. Aujourd'hui il est très difficile de donner des chiffres exhaustifs concernant le nombre de logements livrés et restés à l'abandon juste après leur réception. Ce qui est sûr cependant est qu'il n'y a presque pas une commune qui n'en dispose pas. La daïra de Bordj-Menaiel par exemple compte plus de 470 logements dont 100 réalisés à Cap Djenet, 40 à Légata et 237 à l'entrée-ouest du chef-lieu de daïra. Ce dernier quota n'est toujours pas attribué malgré l'affichage, l'été dernier, de la liste des bénéficiaires. Dans la daïra des Issers, on a recensé plus de 460 unités, dont 146 au niveau du seul chef-lieu, 100 à Si Mustapha, 96 à Chabet El Ameur et 20 à Timezrit. Il y en a aussi à Naciria (38), à Thénia (120), à Ouled Moussa (500 environ). Certains de ces logements sont achevés depuis plus de deux ans, voire même 9 ans, comme c'est le cas pour les 46 unités du chef-lieu de la commune de Chabet El Ameur, squattés, puis évacués en 2001. Des citoyens font remarquer que ces unités sont très exiguës et ne répondent nullement à leurs attentes. Depuis, rien n'a été fait pour les attribuer malgré des réclamations incessantes et une forte demande de la part de ceux qui sont dans le besoin. Parfois l'on se demande quels sont les motifs qui empêchent les services concernés, comme la commission de daïra, à se pencher sur cette question et éviter ainsi des dépenses supplémentaires que génère incontestablement cet état de fait aux services de l'OPGI, notamment les frais nécessaires pour leur assurer «sécurité» et réhabilitation. En plus de cela, le retard mis dans la livraison des logements réceptionnés pousse des citoyens à les squatter en y causant des dégâts considérables. Un tel fait a été recensé au début de l'année en cours dans les communes de Légata et de Timezrit où, respectivement, 40 et 20 unités ont été touchées. Certains habitants, las d'attendre, n'ont pas trouvé mieux que de recourir à la violence pour arracher un abri dont ils n'étaient pas certains d'obtenir par la «voie normale». Mais leur espoir s'est vite évaporé puisqu'ils furent évacués des lieux, moins d'une semaine plus tard, par la force publique. Au lieu d'accélérer les choses en établissant la liste des bénéficiaires, les responsables locaux se contentent d'invoquer de faux motifs en jetant la balle aux chefs de daïra ou au wali carrément. Des élus sont nombreux à relever que ce problème est le résultat direct des derniers amendements apportés dans la loi et qui les «privent» du droit d'attribuer les logements de type LSL. A noter par ailleurs que souvent après l'affichage des listes de bénéficiaires, les autorités ne remettent les clefs des logements attribués qu'au bout de plusieurs mois d'attente.