Les Algériens sont désorientés. Le phénomène des faux billets de 1000 DA inquiète à la fois les citoyens, les commerçants et même ceux qui activent sur le marché parallèle de la devise. C'est une véritable catastrophe nationale. Personne ne fait plus confiance à personne. Le doute et la suspicion s'installent au sein de la population. Tout le monde a peur de l'arnaque. Et cela est perceptible dans les comportements des gens. Le problème est aujourd'hui un sujet de discussion dans les quartiers et les marchés populaires. Nous l'avons constaté lors d'une tournée dans certains quartiers de la capitale. «Oui j'ai lu ça dans les journaux. On ne sait plus comment distinguer le bon billet du faux. Sincèrement, je suis inquiet», affirme Hamid, la cinquantaine, que nous avons rencontré, hier, au marché des fruits et légumes de Meissonnier, à Alger. Comme lui, de nombreux citoyens manquent d'outils et d'information leur permettant d'éviter l'arnaque. «Dès que tu donnes un billet de 1000 DA à un commerçant, son comportement change. Il commence par le tâter et vérifier la texture du papier avant de le mettre dans son coffre. Si, par malheur, le billet que tu lui donnes est neuf, il fait tout pour le refuser. Il commence par chercher dans ses tiroirs avant de prétexter un manque de monnaie pour te rendre le billet», explique un autre citoyen. La psychose est générale. Les commerçants ne font pas confiance aux clients. Ils sont toujours sur leurs gardes. «Je reste toujours vigilant. Je reçois beaucoup de clients et je suis donc exposé à l'arnaque. Je ne fait confiance qu'aux personnes que je connais», explique le propriétaire d'une boutique d'alimentation générale à Alger-Centre. Comment pouvez-vous vérifier si le billet est vrai ou faux ? Le commerçant est incapable de répondre. «A chaque fois que je doute d'un billet, je le rend à son propriétaire. Même si ce geste risque de froisser le client. Ça m'est égal», lance-t-il. Même crainte chez les responsables des commerces parallèles de la devise d'Alger. Ils ont plus de contacts avec l'argent, mais ils ne savent plus comment distinguer le bon grain de l'ivraie. En abordant avec eux le sujet des faux billets, ils se sentent accusés dans un premier temps : «Hna khatina ya kho ! (Nous n'avons aucun lien avec cela mon frère)», déclare un jeune revendeur de devises, qui tient également un commerce de vêtements et chaussures au cœur d'Alger (place Audin). Croyant que nous sommes venus échanger de la devise, il nous invite dans son arrière-boutique. Mais dès que nous lui demandons son avis sur notre sujet, le jeune se met sur la défensive : «Je ne sais rien. J'ai lu ça, mais je ne peux rien te dire. D'ailleurs je ne fais que remplacer mon frère qui est parti prendre un café.» Dans une boutique mitoyenne, deux jeunes acceptent de parler après un moment d'hésitation. «C'est clair que le phénomène fait peur. Mais, ce n'est pas à nous de le régler. Les faux billets existent même dans les banques paraît-il», tonne notre interlocuteur. Son collègue estime qu'il est capable de reconnaître le vrai du faux billet : «Dès que je touche le billet, je sais si c'est un vrai. Je regarde également le filigrane à la lumière, je vérifie le numéro de série et je touche également du pouce le fil de sécurité. Je pense que le faux billet est facile à reconnaître…».