L'œuvre d'Issiakhem a été aménagée sur l'ancien monument aux morts de la Grande Guerre, réalisé en 1928 par les sculpteurs Landowski et Bigonet sur l'ex-plateau des Glières qui a pris le nom du moudjahid Amar Ouamrane. Le mémorial du Jardin floral à Alger-Centre s'est dégradé ; la partie haute, fissurée à plusieurs endroits, laisse entrevoir l'intérieur de l'œuvre.Réalisé par l'artiste peintre M'hamed Issiakhem (1928-1985), il y a plusieurs années, l'imposant monument a été badigeonné avant de laisser la patine du temps faire son œuvre. Un agent s'affairait, hier, à effacer les traces de tags sans s'occuper du reste de la structure complètement couverte d'une couche de poussière noire.L'œuvre d'Issiakhem a été aménagée sur l'ancien monument aux morts de la Grande Guerre, réalisé en 1928 par les sculpteurs Landowski et Bigonet sur l'ex-plateau des Glières qui a pris le nom du moudjahid Amar Ouamrane. «Les autorités, l'indépendance acquise, ont caché l'ancienne œuvre avec une chape de béton. Des années plus tard, une commande a été passée auprès de l'artiste pour la sculpter. On aperçoit d'ailleurs des mains et la figure d'un combattant», relève un riverain qui suivait, de son balcon de la rue Docteur Saâdane, en face du Palais du Gouvernement, les différentes étapes de l'œuvre qui prenait forme. «Des charpentes ont été installées et M'hamed Issiakhem s'appliquait avec acharnement sur les échafaudages. On a craint pour sa vie quand il montait sur les madriers», raconte, tout sourire, notre interlocuteur, désolé par l'état dans lequel se trouve l'œuvre, symbole de l'époque socialiste du parti unique. Les riverains ont réclamé avec insistance la prise en charge de la sculpture, comme ce fut le cas pour la fresque de Mahmoud Choukri Mesli, en contrebas, à Tafourah. «Rien n'a été fait. Le mémorial d'Issikahem est caché aux regards indiscrets, personne ne voudra s'en occuper», constatent, amèrement, des habitués du Jardin floral. «La place a connu des remous de l'histoire nationale. Le plateau des Glières où été érigé le monument accueillait à chaque fois les colons français d'Alger, remontés contre leurs politiciens. C'est à partir des balcons du Gouvernement général (actuel palais du Gouvernement) que De Gaulle, de retour au pouvoir, a fait son fameux speech. Les gens excités entouraient le monument repris des années plus tard par Issiakhem», raconte doctement un retraité. «Le plus grand hommage à rendre au peintre, enfant de Taboudoucht à Ath Djennad, Azzefoun (Tizi Ouzou), c'est de garder intactes ses œuvres, de les faire revivre. Laisser mutiler ce monument n'aurait guère agréé l'artiste ni ses nombreux admirateurs», insiste-il. Autre méfait de la bureaucratie : la plaque portant le nom du moudjahid Amar Ouamrane (1919-1992) déboulonnée. «La plaque a été enlevée. Les autorités ont pris la peine de déboulonner la plaque placée à l'entrée. C'est aberrant. Le bonhomme qui a pris le maquis bien avant le déclenchement de la guerre n'a pas, étrangement, de rue à son nom à Alger ou ailleurs. Suprême bêtise, on se permet d'enlever la seule plaque qui porte son nom sans que le ministère des Moudjahidine ne s'en émeuve», se désole un résidant du quartier, qui souligne que ce geste n'honore pas son commanditaire. «Veut-on effacer par ce geste mesquin la trace des gens qui ont combattu pour ce pays ?», s'interroge ce même résidant, qui rappelle l'épisode de la débaptisation de l'université Benyoucef Benkhedda.