Les faux billets sont la seule hantise du marché parallèle de la devise de la capitale des Hauts-Plateaux. Installés tout le long des arcades situées non loin du théâtre municipal, les cambistes vaquent le plus normalement du monde à leur occupation. Dirigées et contrôlées par une centaine de «changeurs», les opérations se déroulent au vu et au su de tout le monde. Ces lieux sont régis par des lois propres à une «corporation» tenue par le strict «secret professionnel». Pour confirmer l'information faisant état d'une présence des services de sécurité ayant, semble-t-il, décidé de combattre un tel phénomène à l'origine des fuites de colossales sommes d'argent en devises fortes, une virée du côté de la place du «Wall Street» sétifien, les cambistes, avec leurs liasses de dinars à la main, sont aussi nombreux ces derniers temps que d'habitude. L'un d'eux, la vingtaine environ, nous a donné le «topo» du marché avec une aisance que les clients habituels connaissent bien, disant : «L'euro est à 13,10 (1 euro = 130 DA), à l'achat) et 13,30 à la vente». Voulant avoir de plus amples informations à propos de l'information précitée, nous nous sommes approchés d'autres cambistes qui réfutent. «Tout est normal. Nous ne constatons aucun mouvement particulier des services de sécurité. Les faux billets sont pour l'heure notre principale bête noire, sachant que les contrefacteurs utilisent en la matière des techniques sophistiquées», soulignent des agents pouvant chacun échanger quotidiennement entre 5 à 6000 euros, uniquement dans les petites opérations. Il convient de souligner que ces derniers exercent pour le compte de véritables commerçants de devises se positionnant loin des feux de la rampe. Interrogés à propos des informations selon lesquelles la monnaie européenne se ferait rare, nos interlocuteurs diront : «C'est n'est pas vrai. Cette information est dénuée de tout fondement. Le marché est régulièrement alimenté. Nous sommes en mesure de satisfaire toutes les demandes quel que soit le montant demandé par un particulier ou un homme d'affaires qui prend le soin de confier de telles missions à des intermédiaires connus. La discrétion est le credo de nos importants clients qui demandent parfois plus de 100 000 euros.» Notre tournée nous a permis de nous rendre à l'évidence que la «Bourse» de Sétif est, en ces jours de fin d'année, florissante. «En cette période de vacances scolaires et universitaires, des clients achètent le maximum d'euros pour aller passer le réveillon en Europe, en Tunisie et au Maroc. Même si ce créneau ne concerne qu'une frange de citoyens, il y a tout de même de bonnes affaires à traiter avec cette catégorie de clients», diront certains cambistes, qui n'ont pas soufflé mot sur les filières de transfert de devises vers Dubaï via la Tunisie.