L'activité prend de l'ampleur et le marché parallèle des devises se positionne sur une balance comme partout ailleurs existe ce marché informel, à Annaba, impliquant des jeunes et des moins jeunes dans les ruelles de la ville. Plus d'une cinquantaine d'agents de change sont malgré la crise financière mondiale quotidiennement présents debout prés des véhicules stationnés sur la rue mouvementée de Gambetta au centre ville. On les identifie facilement avec d'importantes liasses de billets de banque à la main, un téléphone portable et une calculatrice. Or, en cette difficile période le marché des devises est instable pour les cambistes qui, malgré tout, font le change de la devise européenne. Les 100 euros s'écoulent à 11 300 dinars alors que cette monnaie se fait d'ores et déjà rare à cause de la conjoncture actuelle. Une simple virée sur les lieux nous a permis de constater qu'un seul client est aisément abordé par trois cambistes au moins, chacun d'eux lui propose son service. Or, la bourse de changes de Annaba qui fonctionne en dehors du circuit bancaire s'est forgée la réputation d'une véritable institution non officielle à ciel ouvert, sans murs et sans portail. Ici, les cambistes peuvent effectuer le change sur place d'importantes sommes d'argent sans se soucier d'aucune intervention des autorités ni des services de sécurité ni de la brigade financière, nous dira un citoyen rencontré sur les lieux. Dans cette jungle boursière certains trabendistes exhibent des liasses de billets de 20, 50 et 100 euros afin d'attirer des clients ne pouvant obtenir des devises auprès des banques. Certains revendeurs que nous avons accostés nous informent que les petits monnayeurs ne représentent rien pour les gros bonnets du trafic de devises : «Ces gros bonnets du marché parallèle aux costumes et aux voitures neufs contrôlent le marché et sont à chaque fois connectés à leurs acolytes dans les zones névralgiques du commerce des devises, à titre d'exemple, à Tizi ouzou, Alger, Oran, Sétif ou Constantine», révèlent-ils. Ces patrons du marché informel sont très bien renseignés sur l'actualité douanière qui peut à tout moment influencer le cours des changes. A ce sujet, il faut souligner que de grosses liasses de billets de 1 000 dinars s'échangent dans les mains des cambistes sans aucun appareil de détection de faux billets car il faut dire que le marché n'échappe pas à l'arnaque, les réseaux de faux-monnayeurs existent dans les différentes régions du pays. Cette forte monnaie rapporte quelles que soient les circonstances un gain considérable pour ces nombreux affairistes et gros bonnets de la finance informelle.