Deux jours durant, les 15 et 16 novembre, à l'université du 8 Mai 45 de Guelma, ayant réuni professionnels, chercheurs et étudiants, le séminaire international sur les risques naturels liés aux glissements de terrain et aux éboulements rocheux aura, sans aucun doute, fait profiter aux uns et aux autres divers enseignements. D'abord, la communication de Mohamed Guenfoud, directeur du Laboratoire de génie civil et d'hydraulique, fait ressortir ceci : « Le Nord algérien se caractérise par un terrain accidenté et un climat tempéré. Il n'est pas à l'abri de tous les dangers liés aux glissements de terrain et aux éboulements rocheux. Les pluies torrentielles des hivers 2003 et 2004 ont déclenché beaucoup de glissements de terrain et ont été la cause de pertes en vies humaines et de dégâts matériels. Très récemment, de nombreux sites (urbains et réseaux routiers) ont été durement frappés par des glissements de terrain et des éboulements rocheux. On peut citer les glissements de terrain de Constantine ayant cours depuis 1972, ceux de Skikda lors des hivers 2004 et 2005, ainsi que les glissements de terrain au niveau du réseau routier dans les wilayas de Guelma, de Constantine, de Souk Ahras, de Mila, de Béjaïa, de Jijel et de Chlef. » Il signalera les problèmes liés aux mouvements de terrain auxquels seront confrontés les concepteurs et les réalisateurs de l'autoroute Est-Ouest. Aussi l'importance de rencontres de ce genre n'est pas à démontrer, d'autant plus que « la modélisation, le calcul, le dimensionnement, la gestion et la prédiction ayant trait aux glissements de terrain et aux éboulements rocheux connaissent une évolution rapide, et sont devenus d'une efficacité notable ». Félix Darve, professeur à l'université de Grenoble, dira qu'il faut faire grand cas de la modélisation numérique ou le calcul de l'arrivée de l'eau, de la saturation du sol et du glissement de terrain afin de prévenir les populations des risques éventuels, et d'effectuer des travaux et des infrastructures de drainage, mais qu'au préalable, il faut avoir suffisamment de données. Car, plus il y a de données, moins le risque d'erreur dans les calculs est important. Selon Abdelghani Belouar, professeur de géotechnique à l'université de Constantine, beaucoup de choses restent à faire, surtout les plans de prévention des risques (PPR) relatifs aux glissements de terrain, aux inondations et aux séismes. Ces plans consistent en une cartographie ou zonage. L'Algérie accuse un grand retard, et que par exemple les cartes géologiques, à quelques exceptions près, n'existent même pas. Donc, avant l'établissement des plans, il faut commencer par collecter les données. Il propose aussi la création de commissions composées de scientifiques pluridisciplinaires, (dont un ou deux experts étrangers) devant être indépendantes des structures étatiques (DUC, APC, etc.), dont le rôle consiste à émettre des avis qui sont rendus publics à propos de diverses constructions, travaux publics, permis de construire, POS, etc. Cela se passe ainsi depuis belle lurette dans les pays développés, comme le confirme Félix Darve. De son côté, Mourad Belgasmia, doctorant à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et travaillant dans la société Zace du professeur Zimmermann, spécialiste en numérique, a énuméré les possibilités du logiciel Z-Soil, qui, entre autres problèmes, règle celui des glissements de terrain. Il conclut ainsi : « De nos jours, avec un simple PC et un logiciel robuste, on peut simuler des cas de glissements de terrain réels. » Albert Koffler, consultant, lui, parlera des géosynthétiques, ces produits dérivés du pétrole inventés en Hollande et utilisés depuis les années 1950 dans les pays développés dans les travaux publics, dans les infrastructures portuaires, dans la protection du littoral, etc. L'utilisation des géosynthétiques reste à l'état embryonnaire en Algérie.