Dans quelques jours prendra fin 2010, l'année consacrée par l'ONU à la célébration de la biodiversité. Partout dans le monde, on a associé cette commémoration à l'organisation des grands événements internationaux comme la Coupe du monde de football ou l'Exposition universelle de Shanghai. La Commission sur la diversité biologique (CDB), dirigée par l'Algérien Ahmed Djoghlaf, a tenu à marquer ainsi le danger sournois de la disparition rapide d'espèces vivantes. Il est vrai que pour ce qui nous concerne, la conservation de biodiversité, que les têtes pensantes de la planète placent avant le terrorisme et les changements climatiques dans les défis à relever, n'est pas arrivée en tête des préoccupations des décideurs, des politiques et encore moins de ces centaines d'associations agréées appelées société civile, plus promptes à réagir pour des questions sans rapport avec leurs objectifs déclarés. Toutefois, il faut signaler qu'un pas chancelant a été fait chez nous. Car, pendant que se tenait au Japon la conférence de Nagoya, quelques députés et sénateurs votaient dans une salle vide et sans écho, un nouveau texte : la loi relative aux aires protégées dans le cadre du développement durable. Par définition, la biodiversité se conserve in situ dans les aires protégées. Parcs nationaux, parcs naturels, réserves, etc., il y en a toute une panoplie à travers le globe qui a été rapportée à 6 catégories par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ONG de droit privé, créée en 1948, la seule qui a un siège à l'ONU avec ses 4 millions d'adhérents, dont des Etats. Le nouveau texte, pour se conformer aux grandes orientations de la communauté internationale et mieux coller à ses standards, a adopté les grandes définitions sauf que les Algériens font toujours mieux. Ainsi dans l'article 8, la «Réserve intégrale des aires protégées algériennes», comme celles du monde entier, est interdite à toute activité quelle qu'elle soit et on risque la prison si on ne s'y conforme pas. Puis dans l'article 9 suivant rejaillit cette indécrottable spécificité nationale qui accorde à l'Etat, après approbation du Conseil des ministres, d'implanter «les projets d'intérêt national». Pour les spécialistes, «Réserve intégrale» est un concept laborieusement élaboré qui ne souffre pas d'accommodements qui ne sont pas passés par le filtre de l'étude et de la critique scientifique. Avec leurs précédents statuts, les 10 parcs nationaux algériens créés depuis 1983 n'ont jamais eu les moyens matériels et encore moins juridiques pour accomplir leur mission de conservation de la biodiversité. Il est peu probable que cette nouvelle mouture leur facilite la tâche en les appelant à une mise en conformité.