Ismaïl Noureddine, président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob), intervenant hier lors de la présentation des résultats de l'opération de souscription aux actions d'Alliance Assurances, a annoncé la grande réforme du marché financier attendue dès 2011. Le paysage actuel étant grisâtre. La Bourse d'Alger et la Cosob, conduites par le ministère des Finances, lancent en effet «le grand débat national» sur le marché financier, dont la réforme implique le concours jugé nécessaire des experts internationaux. La situation actuelle du marché financier est estimée intenable par le président de la Cosob. Il (le marché) est caractérisé par une «lassitude devant la longue attente d'introduction des entreprises à la cote et la relance de la Bourse d'Alger». Cette situation s'érige en parfait obstacle à l'émergence d'un marché financier performant capable de répondre aux soucis en relation avec le financement des entreprises. Il est vrai que le texte de Ismaïl Noureddine, annonçant une importante réforme dès 2011, est horriblement technique, mais annonciateur d'un nouvel ordre sur le marché financier algérien, réduit jusqu'ici à sa plus simple expression, matérialisée par une Bourse pauvre en titres et en capitalisation. La vie de Bourse en Algérie se caractérise, depuis sa naissance, par l'émission d'une trentaine de lignes obligataires de sociétés publiques et privées, dont 5, émises au grand public, sont cotées en Bourse. Cette institution financière n'est forte pour l'heure actuelle que par la cotation de 22 lignes OAT également (obligations assimilables du Trésor) qui sont des valeurs mobilières dont la durée dépasse les 5 années. Face à cette situation, le ministère des Finances, à travers la Bourse d'Alger et la Cosob, veut parvenir à cette refonte déclarée à instaurer une mobilité au sein du marché financier. Selon Ismaïl Noureddine, l'adhésion des entreprises à cette démarche est un gage de transparence financière. Cette refonte implique une plus grande efficacité en termes de soutien à l'entreprise, voire même une meilleure protection de l'investisseur. Mais pourquoi la Bourse d'Alger traîne-t-elle toujours lamentablement la patte ? La frilosité des opérateurs, par manque de transparence ou par immaturité managériale, est déclarée comme facteur incontestable. Mais l'Etat a déserté également le terrain, car le cadrage juridique et les procédures réglementaires datent déjà de l'ère de la pierre taillée. «Lesquelles dispositions régissant le marché financier nécessitent inévitablement une révision de fond en comble», suggère le président de la Cosob. Il regrette sur sa lancée le fait que des centaines d'entreprises publiques ont été privatisées entre 2003 et 2008 en dehors de la Bourse d'Alger. C'est un mauvais choix, estime-t-il, car cette privatisation aurait pu servir d'une assise financière et de transparence importante pour la Bourse. Autres carences : «Le marché secondaire est strictement illiquide, le code légal et réglementaire est inachevé, les services d'investissements nécessaires au marché sont inexistants, l'organisation et le fonctionnement actuel du marché financier manquent de consensus et de schéma directeur», déplore encore le président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse. C'est pourquoi, juge-t-il, un débat national sur le marché financier algérien s'impose. «Il s'agit d'un choix national et politique», dira-t-il. Il annonce justement une réforme approuvée dès 2011 qui s'étalera sur deux années. L'objectif premier étant de parvenir à «sculpter» un business modèle pour le marché financier algérien et d'un cadre juridique approprié.