Le désintérêt pour le gaz de ville est manifeste chez cette population rurale. Pour les familles de Benabdelmalek Ramdane, la fin de l'année 2010 aurait dû être marquée d'une pierre blanche. En effet, cette coquette bourgade, qui a tant souffert de la guerre de libération et qui s'agrippe à l'agriculture pour congédier le mauvais sort, vient de se faire raccorder au gaz de ville. Jumelée avec la célébration du 56ème anniversaire de Amor et Kaddour Bordji, la cérémonie de mise sous tension a été présidée par Hocine Ouadah, le wali. C'est au niveau de la rue principale que les agents de Sonelgaz avaient installé la torche inaugurale. Mais la cérémonie haute en couleur n'a malheureusement pas mobilisé grand monde en dehors du cortège officiel et de quelques dizaines de badauds. Pourtant, elles seraient, selon les chiffres communiqués par Sonelgaz, plus de 1300 familles à former le corps de la clientèle potentielle. Le désintérêt pour le gaz de ville est manifeste chez cette population rurale. Certains habitants diront que c'est les 10.000 dinars du forfait de raccordement qui serait le principal obstacle. La responsable de la communication de Sonelgaz rétorque alors que ce forfait a été réparti en 4 tranches de 2.500 DA, sans pour autant s'expliquer cette désaffection. Car le même phénomène a été observé et rapporté dans ces colonnes concernant la ville de Mesra où la faiblesse de l'engouement pour le gaz de ville sera mise au grand jour. Mais la leçon n'a pas été retenue, si bien que des projets seront initiés à la faveur de la relance économique afin d'arrimer au réseau les agglomérations de Sayada et Aïn Tédelès ainsi que les principales communes du Dahra. L'avancement des travaux d'adduction butera sur le choix des terrains et, surtout, sur celui des itinéraires. Celui de Sayada, pourtant à seulement 4 km de Mostaganem, a été à plusieurs reprises suspendu avec à la clef de lourdes réévaluations. Encore une fois, la leçon ne servira à rien puisque le tracé entre Benabdelmalek Ramdane et Sidi Lakhdar butera, à son tour, sur l'avidité des propriétaires terriens concernés par les indemnisations. Plusieurs se sont opposés au passage du gazoduc. Ce qui a engendré d'énormes retards mais s'est traduit également par un allongement de plus de 5 km de la conduite. Cette situation occasionnera non seulement des surcoûts, mais prolongera les travaux. Malgré l'euphorie née de cette arrivée du gaz de ville, à Benabdelmalek Ramdane, les citoyens semblent avoir d'autres préoccupations, comme ce groupe d'enseignants qui sont venus interpeller le wali sur l'état de délabrement de leur cité. Une manière de rappeler que les défaillances de leurs élus ne peuvent, en aucune manière, être occultées par l'arrivée du gaz dont personne ne se soucie. Pourtant, entre les centres de Hadjadj, Benabdelmalek Ramdane et Sidi Lakhdar, le nombre de clients potentiels s'élève à 5921 foyers, ayant nécessité la pose de plus de 94 km de canalisations. Le coût total du projet s'élève à 50 milliards de cts. Cet investissement colossal a, donc, nécessité la mobilisation d'une enveloppe considérable sans pour autant susciter un réel engouement chez les populations concernées. C'est à se demander si ce choix était judicieux et si le programme vaut la peine d'être poursuivi. Une interrogation que personne n'ose se poser à haute voix, pourtant le dédain affiché par la population n'est-il pas un aveu d'échec?