Seulement un électeur sur trois s'est déplacé jeudi dernier aux urnes dans la wilaya de Tizi Ouzou. Le taux de participation communiqué par l'administration est de 31,22% pour les APC et 29,75 pour l'APW. Un taux qui a enregistre une baisse de 20 points par rapport aux élections locales de 1997, où la participation était de 53,40%. Les deux scrutins, (novembre 2005 et octobre 1997) sont comparables en raison des conditions normales de déroulement et la participation des deux principaux partis, le RCD et le FFS. Seul le boycott de l'un des deux partis infléchissait le niveau de participation lors des différents scrutins. La présence de ces deux formations lors des élections de jeudi dernier et leur appel appuyé en faveur d'une participation massive n'ont pas eu l'effet escompté, puisque deux tiers de l'électorat ne se sont pas déplacés dans les bureaux de vote, alors qu'un peu plus de la moitié du corps électoral exprime habituellement ses suffrages, hors empêchement et hors boycott. Que s'est-il donc passé pour que l'affluence soit aussi timide devant les centres de vote ? Les mauvaises conditions météorologiques de la matinée de jeudi ne peuvent pas expliquer à elles seules le manque de mobilisation chez les électeurs. D'autre part, les partis ayant participé aux élections de jeudi n'ont pas lésiné sur les moyens et l'organisation de rencontres et de meetings lors de la campagne électorale. Selon un document de synthèse établi par l'administration de wilaya, le RCD a organisé 135 meetings à travers la wilaya, 126 par le FLN, 117 par le FFS, 66 par le PT et 54 rencontres par les indépendants. Les communes et même les villages les plus reculés ont reçu la visite des dirigeants politiques, qui ont tous souligné l'importance d'accomplir l'acte de vote pour, ont-ils expliqué, éviter les surprises ou contrecarrer la présumée volonté du Pouvoir de transformer, par des manœuvres et par la fraude, la carte politique régionale. En dehors des résultats qui ont été finalement surprenants dans certains cas, puisque de réels chamboulements ont été enregistrés dans de supposés fiefs des partis politiques, il paraît important d'analyser le manque de motivation affichée par l'électeur. Rares sont les centres de vote où l'on a vu des électeurs attendre leur tour pour se présenter aux isoloirs. Un calme pesant qui a fait réagir des responsables de partis dans de nombreuses communes et villages où l'on a signalé des initiatives ayant permis de transporter collectivement des électeurs vers les bureaux de vote. Une mobilisation militante le jour J qui a fait décoller perceptiblement le niveau de participation, alors qu'il n'avait pas dépassé les 10% en milieu de journée. Le discours de campagne exhortant les gens à aller voter n'a pas suffisamment porté, puisque bâti uniquement sur des thèmes politiques échappant, le plus souvent, au commun des citoyens. Non adaptés à des élections locales, dont l'objectif est de mettre en place des Assemblées communales et de wilaya, les points forts des déclarations de campagne électorale ont tourné autour de la nécessité de faire barrage aux velléités despotiques du pouvoir central ou de préserver et de consolider l'opposition démocratique. Cette attitude a été si mal adoptée que le FLN a raflé des sièges là où on l'attendait pas et sort au coude-à-coude avec le RCD à l'APW de Tizi Ouzou. Ce n'est plus l'obédience et les prétentions politiques qui priment aux yeux des électeurs, mais l'envergure des candidats présentés et leur capacité à convaincre de leur disponibilité à régler les problèmes qui se posent quotidiennement dans la cité. Des commentaires tranchés reviennent chez les citoyens, au lendemain de ce scrutin qui a donné une chance aux listes indépendantes et qui a remis en selle, sans complexe, des élus FLN. « Entre abattre un pouvoir occulte et assurer le ramassage scolaire pour mes enfants et assainir ma maison, le choix est vite fait : je préfère régler mes problèmes de tous les jours que de mener un combat qui m'échappe », lance-t-on chez les citoyens. « Il ne s'agit pas de se servir de l'électorat comme un instrument politique, mais de répondre à ses besoins les plus élémentaires, c'est ainsi qu'on peut espérer gagner sa confiance et son soutien. Oui, le problème dans une commune est d'abord de ramasser les ordures », lâche-t-on encore.