L'Australie est unique. Située au Sud entre les océans Indien et Pacifique et entourée de pays en développement, elle est différente des plus grands pays développés du monde. Notre vision de l'Afrique est également différente de celle de nombreux pays occidentaux. Lorsque nous nous tournons vers l'Afrique, l'Australie voit un continent dont la stabilité et les opportunités grandissent. Le continent africain compte déjà un milliard d'habitants, et d'ici 2040, il hébergera la plus grande population en âge de travailler du monde. L'indice de consommation de l'ensemble des pays africains en 2008 était de 860 milliards de dollars, et McKinsey estime que ce chiffre atteindra les 1,4 trillion de dollars en 2020. Il y a de bonnes raisons d'être optimiste pour l'avenir de l'Afrique. Les investissements étrangers directs en Afrique sont passés de 9 milliards de dollars en 2000 à 62 milliards de dollars en 2008, soit presque autant que le flux vers la Chine lorsqu'ils sont mesurés selon le PIB. Toujours selon McKinsey, le taux de retour sur investissement étranger en Afrique est plus élevé que dans toute autre région du monde. Cela signifie clairement qu'il existe un intérêt commun et des opportunités similaires pour l'Australie et l'Afrique. Le principal domaine d'intérêt commun est celui du secteur des ressources et des mines. Le développement minier a été un élément-clé de la réussite économique de l'Australie. C'est sur sa richesse en matière de ressources que l'Afrique peut également fonder son développement et sa prospérité.Le secteur minier de l'Australie est prêt à utiliser et à partager son expertise. Il y a déjà plus de 215 entreprises australiennes opérant dans le secteur des ressources ayant des capitaux en Afrique, avec près de 600 projets. Les sociétés australiennes investissent 20 milliards de dollars dans ce secteur, avec des milliards de plus en perspective. Le gouvernement australien est également prêt à aider les gouvernements africains à gérer leurs ressources en vue d'encourager le développement économique, y compris par le biais de la formation et d'aides techniques. L'Australie comprend également que la voix de l'Afrique est désormais entendue dans les forums mondiaux. L'Afrique est au centre de la réponse à apporter aux enjeux-clés, tels que le changement climatique, la réforme du commerce extérieur, la paix et la sécurité, et la réduction de la pauvreté dans le monde. Je suis engagé à travailler étroitement avec l'Afrique, de façon bilatérale comme multilatérale afin de répondre aux enjeux mondiaux. Pour prendre comme exemple le changement climatique, je sers au sein du Panel de haut niveau du secrétaire général des Nations unies sur la durabilité du développement mondial, coprésidé par Jacob Zuma et Tarja Halonen. Ce Panel est conçu pour formuler une nouvelle vision et mettre en œuvre une série de mécanismes visant à atteindre une croissance et une prospérité durables. L'Australie est prête à joindre le geste à la parole en ce qui concerne le changement climatique. Nous allouerons599 millions de dollars sur trois ans au financement «fast-track» destiné aux pays en développement, dont le quart bénéficiera aux pays les moins avancés, dont beaucoup se trouvent en Afrique. Consciente que l'Afrique reste confrontée à de nombreux enjeux en termes de développement, nous sommes également engagés à aider les pays africains à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. Nous avons doublé l'aide au développement que nous apportons à l'Afrique au cours des trois dernières années. Nous avons également doublé notre aide à l'échelle mondiale au cours des cinq dernières années. Elle atteint désormais 4,3 milliards et nous sommes en bonne voie pour la doubler à nouveau d'ici 2015, date à laquelle elle devrait s'élever à 8 milliards de dollars. En Afrique, je souhaite cibler notre aide sur des secteurs dans lesquels nous avons de l'expertise et pouvons changer les choses. L'Australie, comme l'Afrique, a une production agricole majeure et est étroitement liée à la terre. En faisant appel à notre expertise, nous aidons à augmenter les capacités en matière de recherche agricole en Afrique à travers une initiative de sécurité alimentaire de 100 millions de dollars répartis sur trois ans. Dans le cadre de cette initiative, l'Agence australienne pour les sciences, l'Organisation de la recherche scientifique et industrielle du Commonwealth, apportera son soutien aux programmes de recherche sur les récoltes et la productivité du bétail en Afrique de l'Ouest. Nous continuerons également à apporter une aide humanitaire en vue de répondre aux crises sur l'ensemble du continent, y compris au Soudan et en Somalie. Au cours de ces démarches, je pense que l'Australie doit donner une forte priorité au travail réalisé avec et à travers les institutions africaines, et aligner ses efforts aux priorités des gouvernements nationaux et de l'Union africaine. L'Australie est fière de ses institutions éducatives et a conscience qu'elles peuvent former les dirigeants de demain et établir des liens entre notre propre pays et le reste du monde. Les nouvelles bourses d'études délivrées par l'Australie à l'Afrique, les Australia-Africa Awards, dynamisent les liens éducatifs entre nos deux pays. Cette année, 400 étudiants africains, originaires de près de 40 pays, viendront étudier en Australie dans le cadre de ce programme. D'ici 2012-2013, 1000 Africains se verront attribuer de telles bourses. Lorsque nous travaillons avec l'Afrique en vue de construire un avenir meilleur, nous souhaitons également rétablir la paix et la stabilité dans ces régions sensibles. L'Australie a toujours grandement participé aux opérations de maintien de la paix des Nations unies, déployant 65 000 hommes dans le cadre de plus de 50 missions de l'ONU et d'autres organisations multilatérales en termes de paix et de sécurité au fil des années. Aujourd'hui, 27 de nos hommes sont déployés dans le cadre de la mission de l'ONU au Soudan, et nous travaillons par l'intermédiaire de la Commission de consolidation de la paix des Nations unies visant à soutenir la Sierra Leone. L'Australie a également travaillé avec l'Union africaine en vue d'établir des directives concernant la protection des civils lors des conflits armés, que nous espérons voir adoptées par l'Union africaine avant la fin de l'année. L'Australie et l'Afrique poursuivent des intérêts communs et font face à de mêmes enjeux mondiaux. Nous poursuivrons notre engagement, avec des idées innovantes et une diplomatie active. Notre engagement auprès de l'Afrique sera durable.
- M. Kevin Rudd. Ministre australien des Affaires étrangères