Trois importantes figures de l'opposition ont été arrêtées hier à Djibouti au lendemain d'une manifestation sans précédent contre le président Ismaël Omar Guelleh qui a dégénéré en de violents affrontements ayant fait officiellement deux morts. «Aden Robleh Awaleh, Ismaël Guedi Hared et Mohamed Daoud Chehem ont été placés hier en garde à vue suite aux violents heurts survenus vendredi soir entre forces de l'ordre et manifestants», a annoncé le procureur de la République Djama Souleiman. Tous trois sont respectivement présidents du Parti national démocratique (PND), de l'Union pour la justice et la démocratie (UDJ) et du Parti démocratique djiboutien (PDD). Ismaël Guedi Hared dirige également l'Union pour l'alternance démocratique (UAD), principale coalition de l'opposition à l'origine de la manifestation de vendredi qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes près du stade Gouled. Les manifestants, se revendiquant des révolutions égyptienne et tunisienne, exigeaient le départ du président Guelleh, au pouvoir depuis 1999 et qui briguera un troisième mandat à la présidentielle du 8 avril prochain. La manifestation s'est déroulée dans le calme tout l'après-midi jusqu'à ce que les protestataires annoncent leur intention de poursuivre leur sit-in pendant la nuit, alimentant la confusion tout en précipitant l'intervention des forces de l'ordre. Les affrontements -grenades lacrymogènes contre jets de pierres- ont cessé vers 22h30 dans la capitale mais se sont poursuivis de façon sporadique dans la banlieue populaire de Balbala, d'où venaient de nombreux manifestants et où des détonations d'origine indéterminée ont été entendues de façon sporadique toute la nuit. Selon le ministère de l'Intérieur, un policier et un manifestant ont été tués au cours de ces violences impliquant «des groupes surexcités de manifestants qui ont saccagé, détruit, pillé et brûlé de nombreux biens, (...) et attaqué les forces de l'ordre».
«IOG, dégage !» Le ministère n'a pas précisé les circonstances exactes de la mort du policier, tandis que la «seconde victime est un manifestant qui a été heurté par un véhicule de police». «Neuf autres policiers ont été blessés, dont un se trouve dans un état critique», toujours selon le ministère. Plusieurs véhicules ont été incendiés ainsi qu'une annexe du parti au pouvoir, le Rassemblement populaire pour le progrès (RPP), tandis que les locaux d'une ONG dirigée par l'influente épouse du chef de l'Etat ont été endommagés. Plusieurs militants de l'opposition et défenseurs des droits de l'homme avaient été arrêtés dans les jours suivant les premières manifestations estudiantines des 5 et 6 février, dont certains ont été, depuis, inculpés pour «participation à un mouvement insurrectionnel».