Rachid Ramda a été extradé, jeudi, de Grande-Bretagne et incarcéré à Paris, après dix ans de bataille judiciaire. Il a perdu le 17 novembre dernier son ultime recours devant la cour d'appel de Londres. Soupçonné par les autorités françaises d'être le financier des attentats de 1995 à Paris -dont celui qui avait fait 8 morts et 150 blessés au RER Saint-Michel-, il avait utilisé, depuis dix ans, tous les recours pour éviter cette extradition à laquelle un juge avait, pour la première fois, donné son accord en juin 1996. Depuis dix ans, en isolement à la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de Londres, il était le prisonnier, détenu depuis le plus longtemps en Grande-Bretagne, dans l'attente d'une extradition. La justice française a établi que Rachid Ramda, alias Abou Farès, était très probablement le « financier » du Groupe islamique armé (GIA) en Europe et placé sous les ordres de Djamel Zitouni qui, reprochant à Paris son soutien au régime d'Alger, avait décidé d'exporter le conflit algérien en France. Selon les enquêteurs, Rachid Ramda, 35 ans, avait notamment opéré des transferts de fonds depuis Londres pour permettre à ses complices, Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem, de réaliser les attentats de 1995 en France. Selon diverses sources, il aurait financé les attentats, qui ont ensanglanté Paris, à hauteur de 40 000 francs. Ses deux complices ont été condamnés en octobre 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité. Réfugié à Londres au début des années 1990, il faisait, avant son arrestation, l'objet d'une surveillance soutenue des autorités britanniques, qui le soupçonnaient d'être aussi le rédacteur d'Al Ansar , le bulletin du GIA. C'est d'ailleurs cette fonction qui est à l'origine du raccourci médiatique qui le présente comme un « intellectuel ». Il a été condamné à mort par contumace pour sa participation à l'attentat contre l'aéroport d'Alger qui avait fait 9 morts et 123 blessés. En France, il est sous le coup de quatre mandats d'arrêt français : l'un, correctionnel, pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », les trois autres, criminels, pour sa participation à trois attentats de 1995. Il risque la peine maximale, à savoir la perpétuité. Les autorités françaises laissent entendre que son procès pourrait commencer avant l'été prochain. « C'est un soulagement après 10 ans de bataille de procédure de savoir que Rachid Ramda répondra de ses actes en France. Il sera important de savoir de qui il recevait l'argent qui a permis de financer les attentats de 1995 et quels étaient les donneurs d'ordres », s'est réjouie Françoise Rudetzki, la déléguée générale de SOS Attentats.