La bataille judiciaire aurait duré dix ans. Rien ne s'oppose désormais à l'extradition de Rachid Ramda vers la France. La Haute Cour de justice de Londres a confirmé la décision du secrétaire au Home Office (ministre de l'Intérieur), Charles Clarke, qui avait donné en juin son aval à l'extradition. Rédacteur d'Al Ansar, le bulletin clandestin du GIA algérien publié alors à Londres, Rachid Ramda est le seul terroriste à ne pas avoir été arrêté en France. Quatre mandats d'arrêt ont été délivrés contre lui pour « association de malfaiteurs, assassinats en relation avec une entreprise terroriste ». Il est mis en cause dans les attentats des stations du RER Saint-Michel (8 morts et 150 blessés le 25 juillet 1995), du métro Maison-Blanche (18 blessés le 6 octobre 1995) et du RER Musée-d'Orsay (26 blessés le 17 octobre 1995). La campagne d'attentats de juillet à novembre 1995, revendiquée par le Groupe islamique armé (GIA) algérien, avait fait dix morts et plus de 250 blessés. Pour les avocats de Rachid Ramda, il ne reste désormais plus qu'une infime possibilité de contrer cette procédure en allant à la Cour de cassation, Law Lords. Ils ont 14 jours pour se pourvoir en appel mais leurs chances sont très minces. La Grande-Bretagne a radicalement changé de point de vue et de politique envers les islamistes depuis les attentats du 7 juillet dernier à Londres, qui ont fait 52 morts. Rachid Ramda, 35 ans, alias Abou Farès, est sous écrou extraditionnel à Londres depuis novembre 1995. Rachid Ramda est présenté comme l'un des « cerveaux » des attentats de 1995, mais aussi comme un acteur subalterne par rapport à Djamel Zitouni, chef du GIA à l'époque, et à Boualem Bensaïd, chef opérationnel en France, condamné à perpétuité. De nombreux éléments matériels, notamment ses ordinateurs et un bordereau de la Western Union portant ses empreintes, montrent que Rachid Ramda a transmis plusieurs milliers de francs aux poseurs de bombes. Selon diverses sources, il aurait financé à hauteur de 40 000 FF les attentats parisiens. Rachid Ramda, détenu dans la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh, sera extradé dans les prochaines semaines, selon le ministre français de la Justice.