Les travailleurs de l'administration, les techniciens, ingénieurs et photographes de l'Agence presse service (APS) ont observé, hier, un rassemblement devant le siège de l'entreprise à Alger. «Des laissés-pour-compte, des marginalisés, les oubliés de la communication.» C'est ainsi que ces travailleurs se qualifient. Les salaires «obsolètes» et «la gestion policière» caractérisent le vécu quotidien de cette catégorie de travailleurs. La méthode de gestion est le premier point évoqué dans la plateforme de revendications. M. Mehal, ancien directeur général de l'agence et actuellement ministre de la Communication, est pointé du doigt comme étant la source de toutes les anomalies constatées dans le fonctionnement de l'entreprise. Selon les travailleurs qui refusent d'être chapeautés par le syndicat, «la direction actuelle a hérité de celle de Mehal». Il est clairement reproché au ministre «la façon dont est élaborée la grille des salaires». Selon les protestataires, il y a deux poids, deux mesures concernant l'attribution des salaires. «Les journalistes sont privilégiés, comparés aux techniciens et aux photographes. Et les augmentations attribuées aux journalistes n'ont pas été généralisées au reste des travailleurs», accuse un technicien ayant 25 ans de service. D'autres grévistes ont abordé le problème des sanctions et des menaces qui sont appliquées arbitrairement, selon les protestataires. «Le directeur de l'administration générale abuse dans l'application des mises à pied et des licenciements. Il ne tolère aucune protestation et nous a menacés de licenciement si jamais on pense faire la grève», témoigne une employée. C'est ainsi que tout contact est coupé entre les responsables et les travailleurs. La grève se poursuivra aujourd'hui. Si les techniciens ont assuré le service minimum, ce qui a permis jusqu'à présent la diffusion du fil de l'agence, ils menacent de radicaliser encore le mouvement, «si la direction campe sur ses positions». Les fonctionnaires du ministère de la Communication ont, eux aussi, observé un sit-in au même endroit que les travailleurs de l'APS, puisque les deux bâtiments, abritant les sièges des deux entités, sont situés côte à côte. Les fonctionnaires du département de Mehal réclament l'annulation des dernières mesures prises par le ministre concernant la suppression de la prime du rendement individuel et l'instauration de nouvelles sanctions pour les retardataires. La régularisation des employés avec contrat à durée déterminée est également réclamée. Les représentants de la trentaine de travailleurs protestataires ont été reçus par le ministre qui a promis d'annuler les décisions à l'origine de la protestation. Une promesse pour l'instauration du transport du personnel a également eu effet de calmer les protestataires qui ont opté pour rejoindre leur poste, laissant leurs collègues de l'APS au piquet de grève. Les fonctionnaires du ministère ont accordé une semaine de trêve. «Nous reprendrons cette action de protestation si les promesses ne sont pas tenues.»