Les pêcheurs relevant du port de Boudis, à Jijel, ont fait part de leurs inquiétudes au ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdellah Khenafou, lors de sa visite, ce dimanche. Ils ont relevé les contraintes d'un métier qui les réduit, selon leurs mots, à la mendicité. «On est livrés à nous-mêmes, sans aucun soutien, nous vivons dans la misère ; nous revendiquons notre part du couffin du Ramadhan », lâchent-ils le plus sérieusement du monde. A en croire les déclarations des concernés, patrons et marins pêcheurs, le métier de pêcheur ne rapporte plus rien.« Le gasoil est cher; à chaque sortie en mer je consomme pas moins de 500 l pour quelques casiers de poisson, en plus du fait que je suis réduit, au même titre que mes camarades, au chômage depuis sept mois à cause du mauvais temps », déclare le patron d'un sardinier. A cela s'ajoute le déficit en marins pêcheurs, désormais astreints à une formation d'une année. « Les gens refusent cette formation ; d'habitude ils apprennent le métier en mer, ils n'ont pas besoin de faire un stage pour apprendre la pêche », soutient notre interlocuteur. A entendre les pêcheurs évoquer leurs difficultés, conjuguées, selon leurs dires, au manque de poisson dans les fonds marins, on serait tenté de dire que la sardine à 250 DA/kg est… un juste prix. «Comment voulez-vous que le prix du poisson baisse, alors que les fonds marins se sont vidés de l'espèce ? » se justifient des pêcheurs, affirmant que la « surpêche » et la pollution sont à l'origine de cette catastrophe. Les ordures, les sachets et les détritus, surtout le plastique, sont mis en cause dans le phénomène de pollution. Selon le ministre, les difficultés soulevées par les pêcheurs sont prises en charge au niveau local. Il a, cependant, indiqué que personne se ne peut se prononcer sur le manque de poisson dans les fonds marins en l'absence d'une évaluation scientifique de la situation. « Le département ministériel a acquis récemment un bateau de recherche, il est au port d'Alger. Il va entamer une campagne d'évaluation, et c'est à partir de là qu'on pourra se fixer sur la diminution de la ressource. Jijel n'est pas une côte polluée, et pourtant il y a eu une chute brutale de la production», a-t-il soutenu.