Intensifier les campagnes de sensibilisation pour lutter contre la tuberculose est l'objectif de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, le 24 mars de chaque année. Vingt-et mille huit cent trente deux cas de tuberculose ont été enregistrés en 2010 en Algérie. Un nombre qui reste quand même inquiétant malgré les assurances du ministère de la Santé, qui s'autofélicite en n'enregistrant qu'«une prévalence de 37 à 40 cas pour 100 000 habitants», a déclaré Djamel Ould Abbas, lors de la journée d'étude organisée jeudi à l'INSP à cette occasion. Pour lui, la baisse du taux de prévalence de la tuberculose en Algérie n'est pas le fruit du hasard, mais «résulte des efforts publics consentis en matière de traitement et de prévention de la maladie». Pour le responsable chargé du programme national de lutte contre la tuberculose au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Dr Ali Halassa, l'Algérie enregistre une stabilisation de la prévalence depuis 2005. Une stabilité qui s'explique, selon lui, par la relance du programme national de lutte contre la tuberculose, notamment la tuberculose pulmonaire, et l'ouverture de 240 centres spécialisés dans la lutte contre cette pathologie à travers le pays. Mais il a tenu à préciser que le taux d'atteinte de cette maladie est de 60,7 pour 100 000 habitants. Un chiffre qui vient contredire celui avancé par Djamel Ould Abbas, qui, selon lui, n'est que de 40 pour 100 000 habitants. Les campagnes de sensibilisation qui doivent être lancées, comme cela a été recommandé par Djamel Ould Abbas, sont déjà vouées à l'échec si cela est déjà basé sur de faux indices de santé. Il n'y a pas de mal à reconnaître une réalité du terrain pour mieux la traiter. Ainsi, sur ces dernières estimations, le Dr Ali Halassa a précisé que le programme national de lutte contre la tuberculose, notamment la tuberculose pulmonaire, vise à réduire le taux d'atteinte de cette maladie à moins de 25 cas pour 100 000 d'ici 2015. Pour ce faire, il y a lieu de prendre en charge les maladies respiratoires, améliorer les conditions socioéconomiques, lutter contre le diabète, l'insuffisance rénale, former des médecins généralistes, financer des laboratoires et doter les centres spécialisés d'équipements modernes. Le Dr Bouyoucef , chargé du dossier à la direction de la santé publique à Alger (DSP), a fait un état des lieux de la maladie au niveau de la capitale. Il a souligné que 2152 cas de tuberculose, toutes formes confondues, ont été enregistrés en 2010 au niveau de la wilaya d'Alger, ce qui représente un taux de 70 cas pour 100 000 habitants. La tuberculose pulmonaire représente 52% des cas. La tranche d'âge de personnes atteintes de cette maladie varie entre 24 et 34 ans et la deuxième tranche de la population âgée entre 55 et 64 est atteinte de la tuberculose extra-pulmonaire. Le Dr Bouyoucef a précisé que la prévalence de la tuberculose pulmonaire a connu une baisse depuis 2004, elle a baissé de 82 cas pour 100 000 habitants à 70 cas pour 100 000 habitants. Actuellement, l'incidence de la tuberculose, toutes formes confondues, s'est stabilisée à un taux de 34 cas pour 100 000 habitants. Une stabilité qui trouve son explication dans l'intensification de la prise en charge, notamment de la tuberculose pulmonaire, à raison de 80% selon les objectifs fixés par l'OMS. Une autosatisfaction qui se voit tout de suite remise en cause par le Pr Zidouni, pneumologue et chef de service à l'hôpital de Beni Messous. Pour lui, la maladie est présente à travers le pays et elle reste persistante dans certaines régions. «L'on constate que dans certaines régions du pays, il y a des sources d'infections qui pérennisent la transmission de la maladie. Il est important d'orienter le programme de lutte contre la tuberculose dans les régions où il y a des erreurs de diagnostic, une désorganisation, afin de mieux cibler une cation efficace», a-t-il déclaré. Il y a chaque année 6,7 millions de nouveaux cas de tuberculose, qui cause pratiquement 1,7 million de morts à travers le monde. «Entre 2011 et 2015, il y aura plus de 2 millions de nouveaux cas de tuberculose multirésistante», préviennent les responsables du Partenariat halte à la tuberculose. Ils se fixent d'ailleurs un objectif ambitieux pour cette période de 4 ans : «diagnostiquer et traiter un million de patients souffrant de cette forme de tuberculose». Pour le directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le Pr Michel Kazatchkine, «la tuberculose multirésistante est une menace pour tous les pays, car elle est à la fois difficile et coûteuse à traiter».