L'insécurité, conjuguée à l'absence de commodités, fait fuir les villageois, dont une partie s'est installée au chef-lieu, dans des habitations précaires. Située à une trentaine de km au sud-est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès et limitrophe à la wilaya de Bouira, la commune de Ammal s'étend sur une superficie de 57,09 km⊃2;, peuplés de plus de 8000 habitants disséminés à travers quatre principales agglomérations : Ammal-centre (chef-lieu), Bouaidel, Aït Salah et Tiza. Aujourd'hui, cette commune rurale à vocation touristique est l'une des plus déshéritées dans la wilaya, voire d'Algérie, tant elle souffre particulièrement de déficit en matière d'équipements publics. Tout ce qu'elle compte d'opérationnel est limité à un bureau de poste doté d'un seul guichet-caisse, un dispensaire, deux salles de soins, une aire de jeu, un CEM et quelques écoles primaires. Le reste de ses infrastructures d'utilité publique est inexploité pour diverses raisons, à l'exemple des quatre foyers de jeunes dont elle dispose mais qui ne sont pas opérationnels, car, «faute de moyens, l'APC n'est pas en mesure d'assumer les charges de leur fonctionnement, ne serait-ce que pour leur gardiennage. C'est pour cette raison que nous les avons cédés à la direction de la jeunesse et des sports (DJS) de Boumerdès», affirme le P/APC, M. Amellal. La salle de soins d'Aït Salah est fermée, elle aussi, pour des raisons sécuritaires. «C'est pour éviter que les groupes terroristes armés n'y viennent s'approvisionner en produits paramédicaux», nous dit-on. D'autres infrastructures de santé et des écoles primaires sont à l'abandon dans nombre de villages désertés de la commune, à l'instar d'Aït Dahmane, Ouled Bellemou, Doukane et Djerrah. De plus, le gaz naturel y est inexistant, y compris au chef-lieu. La commune devra en bénéficier l'année prochaine, nous dit-on. «L'opération de raccordement de notre municipalité au réseau de distribution de gaz naturel a été retenue pour 2012», rappelle encore M. Amellal. Chômage et insécurité Certains hameaux de la commune sont carrément enclavés, à l'instar de Hini et d'Ait Dahmane, à quelques kilomètres du chef-lieu. «Pour se rendre à Ammal-centre, nos filles sont contraintes d'emprunter un chemin au milieu de forêt où elles courent le danger d'être agressées par des individus ou attaquées par des bêtes, en sus des aléas dus aux conditions climatiques. Malheureusement, pour les pouvoirs publics, nous n'existons que pour faire l'objet de reportages sur la guerre de libération nationale ou sur la vie traditionnelle dans les montagnes de Kabylie», regrette un vieillard de Hini, rencontré au chef-lieu communal. Pour désenclaver ces villages, les élus locaux espèrent «une aide de la part de l'entreprise qui exploite la carrière d'agrégats de Timizart, en réalisant une passerelle reliant cette dernière aux dits villages». Le chômage est un autre problème auquel sont confrontés les jeunes de la région. En effet, la quasi-totalité de la population juvénile de la commune est sans emploi, garçons et filles ; les investissements, publics ou privés, étant inexistants. Les propos du vice-président de l'APC, M. Khedraoui, nous renseignent amplement sur l'ampleur du phénomène. «A Ammal, nous n'avons que deux restaurants comme investissement ; l'un à l'entrée de la commune et l'autre à la sortie, sur la RN5», se désole-t-il. Pourtant cette commune dispose de tous les atouts à même d'assurer son développement. Outre son avantage d'être traversée par la RN5 et la voie ferrée, elle regorge encore d'énormes richesses naturelles. Son sol est très riche. Trois carrières y ont déjà été recensées. Néanmoins, seule la mine citée plus haut est exploitée. Celles de Tigrine (agrégats) et de Tijijga (marbre vert) sont à l'arrêt depuis plusieurs années. La source thermale de Thellath est également inexploitée. Selon le P/APC, une étude a été lancée par la direction de wilaya du tourisme en vue de son aménagement en station thermale. La mise en valeur de ces potentialités augure de l'espoir à annihiler le chômage dans toute la région en lui permettant de prendre son essor. Néanmoins, la volonté politique y a fait tellement défaut, au point où cette région de Kabylie, livrée au terrorisme islamiste, souffre de l'insécurité, laquelle, conjuguée à l'absence de commodités, fait fuir les villageois, dont une partie s'est installée au chef-lieu, dans des habitations précaires.