Alors que les entreprises israéliennes prospèrent sur le marché de la défense, les tensions politiques et humanitaires dans la région restent vives. La participation d'Israël à l'exposition d'Abou Dhabi illustre les paradoxes d'une normalisation économique et sécuritaire, tandis que les questions palestiniennes et les enjeux régionaux continuent de diviser. En pleine trêve fragile après une guerre dévastatrice entre Israël et le groupe islamiste Hamas à Gaza, des fabricants d'armes israéliens ont présenté leurs produits lundi à Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis (EAU). Cette participation intervient dans le cadre de l'Exposition et conférence internationales sur la défense (IDEX) et de l'Exposition sur la défense et la sécurité maritimes (NAVDEX), qui se tiennent jusqu'à vendredi. Un immense pavillon israélien accueille les visiteurs, mettant en avant des armes et des technologies militaires de pointe. Boaz Levy, PDG d'Israel Aerospace Industries (IAI), a déclaré : « Nous sommes très heureux d'être ici. » Son entreprise, classée parmi les 100 premières entreprises d'armement au monde en 2023 selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), profite de cette vitrine pour renforcer ses liens dans la région. A-t-on informé . L'année dernière, la participation des fabricants d'armes israéliens au Salon mondial de la défense et de la sécurité Eurosatory à Paris avait été annulée par le gouvernement français, en raison de critiques concernant l'utilisation d'armes israéliennes à Gaza. Cependant, cette décision avait été annulée par le pouvoir judiciaire. Aujourd'hui, malgré les tensions persistantes, les entreprises israéliennes continuent de prospérer. Selon le SIPRI, les trois principaux fabricants israéliens ont réalisé des ventes record de 13,6 milliards de dollars en 2023, en grande partie grâce à l'offensive israélienne à Gaza. Boaz Levy justifie cette présence : « Bien sûr, certains de nos produits sont là-bas (à Gaza), mais nous sommes une entreprise qui s'occupe de technologie et donne à l'utilisateur final les capacités requises sur le terrain. » Normalisation des relations et coopération régionale Les Emirats arabes unis ont normalisé leurs relations avec Israël dans le cadre des accords d'Abraham négociés par les Etats-Unis en 2020, ouvrant la voie à des collaborations dans le domaine de la défense. Depuis lors, des entreprises israéliennes comme Emtan, spécialisée dans les armes légères, participent régulièrement à l'exposition, qui a lieu tous les deux ans. Ron Pollack, directeur des ventes chez Emtan, a déclaré : « Nous travaillons beaucoup avec les pays de l'Accord d'Abraham. » De même, la société israélo-américaine Heaven Drones présente son nouveau drone à hydrogène, capable de transporter plus de 22 kilogrammes pendant dix heures. Son fondateur, Ben Zion Levinson, souligne l'importance de la sécurité dans la région : « Ce que nous avons entendu de la part de nos homologues aux Emirats arabes unis et dans d'autres pays, c'est que la chose la plus importante est la sécurité. Israël, les Etats-Unis, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et toute la région sont d'accord sur l'objectif de vaincre le terrorisme, et pour cela, nous devons disposer de la meilleure technologie. » Les Emirats arabes unis, l'un des plus grands exportateurs de pétrole au monde, consacrent une part importante de leur budget à la défense. Selon Christian Alexander de l'Institut Rabdan pour la sécurité et la défense, les dépenses annuelles des EAU en matière de défense sont estimées entre 20 et 23 milliards de dollars. Traditionnellement axés sur les fournisseurs américains et européens, les EAU élargissent désormais leurs partenariats à la Chine, à la Turquie, à Israël et même à la Russie. Alexander note que les EAU utilisent l'exposition d'armes comme un outil de soft power, se positionnant comme un acteur neutre mais influent sur la scène internationale. Cette stratégie est illustrée par la présence de Sergueï Tchemezov, PDG de la société d'Etat russe Rostec, qui promeut les armes russes lors de l'exposition. Dès le premier jour de l'exposition, des contrats d'une valeur totale de 3,97 milliards de dirhams (environ un milliard de dollars américains) ont été signés. Cette dynamique économique s'accompagne de tensions politiques. Le 17 février 2025, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu'Israël n'accepterait jamais la création d'un Etat palestinien, défiant ainsi les résolutions internationales. Katz a déclaré lors d'une réunion avec une délégation du Sénat américain : « Israël n'acceptera jamais la création d'un Etat palestinien qui menace son existence. » Cette position s'inscrit dans un contexte marqué par la guerre à Gaza, qui a fait plus de 160 000 victimes palestiniennes (morts et blessés), principalement des enfants et des femmes, et plus de 14 000 disparus depuis le 7 octobre 2023. A en croire certaines sources plausibles . Malgré l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier 2025, Israël continue de violer les termes de l'accord, entravant les négociations pour une résolution durable. Les priorités d'Israël, selon Katz, incluent la prévention de l'acquisition d'armes nucléaires par l'Iran, la libération des prisonniers israéliens à Gaza, l'élimination du Hamas et la normalisation des relations avec l'Arabie saoudite. Cependant, l'Arabie saoudite conditionne toute normalisation avec Israël à la création d'un Etat palestinien indépendant, conformément aux résolutions internationales. Parallèlement, l'Egypte travaille à un plan arabe global pour la reconstruction de Gaza, rejetant toute idée de déplacement des Palestiniens, une proposition soutenue par l'ancien président américain Donald Trump, a-t-on souligné .