La situation dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), entraînant de graves abus tels que des exécutions sommaires, y compris d'enfants, et des violences sexuelles liées au conflit. Le Bureau des droits de l'Homme de l'ONU fait état d'une «forte détérioration», après la prise de Bukavu par le M23, qui terrorise la population du Congo par des actions para- militaire. Réfugiés, déplacés de force, maladies, choléra, et exécutions d'enfants, le Congo vit dans un état de terreur chaotique. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU (HCDH) indique avoir reçu des confirmations de cas d'exécution sommaire d'enfants par le M23 après son entrée dans la ville de Bukavu la semaine dernière. «Nous savons également que des enfants étaient en possession d'armes », a déclaré lors d'un point de presse régulier de l'ONU à Genève, Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH. Le HCDH fait état d'une situation «très chaotique», faisant référence à ces vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux. Celles-ci montrent des enfants âgés de 11 à 15 ans, qui utiliseraient des uniformes abandonnés par les Forces armées congolaises (FARDC), et tirant des coups de feu et pillant des magasins. Des enfants tués en plein jour.. « Nous avons également appris que le 16 février, dans un quartier appelé quartier latin à Bukavu, 3 garçons ont été tués lors d'une altercation avec des membres du M23. Selon des informations recueillies auprès de sources fiables, les trois garçons, qui n'ont pas encore été identifiés, transportaient des armes collectées dans un camp abandonné des FARDC et ont été interceptés par le M23. Ils ont refusé de désarmer et, au cours d'un échange de tirs qui a suivi, les trois enfants ont été tués », a détaillé Mme Shamdasani. Déjà, jeudi dernier, la Directrice générale de l'UNICEF, avait sonné l'alarme quant à l'augmentation des violations graves des droits des enfants, précisant que sur les deux dernières semaines 1.100 mineurs non accompagnés avaient été identifiés au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. «Même avant la récente intensification de la crise, le recrutement d'enfants par des groupes armés était déjà en hausse dans la région. Désormais, les parties au conflit appelant à la mobilisation de jeunes combattants, le rythme de recrutement va probablement s'accélérer », s'est inquiétée Catherine Russell, évoquant des enfants recrutés dès l'âge de 12 ans. En outre, les services du Haut-Commissaire Volker Türk indiquent avoir reçu des informations sur des arrestations et des détentions arbitraires, des traitements dégradants et des allégations de retours forcés de jeunes Congolais fuyant la violence dans les pays voisins. «Nous recensons également des cas de mauvais traitements, de violences sexuelles et sexistes liées au conflit, de recrutement d'enfants et de recrutement forcé, d'intimidation et de menaces de mort », a ajouté Mme Shamdasani. Alors que les rebelles soutenus par le Rwanda ont pénétré vendredi 14 février dans la capitale provinciale du Sud-Kivu, moins de trois semaines après avoir pris le contrôle de Goma, le chef des droits de l'homme de l'ONU, appelle le Rwanda et le M23 à protéger tous les individus dans les territoires qu'ils contrôlent. Parailleurs, Volker Türk demande au Rwanda et au M23 de veiller à ce que les droits de l'homme et le droit humanitaire international soient respectés. Il exprime son horreur face aux événements qui se déroulent au Sud et au Nord-Kivu et à l'impact qu'ils ont sur les civils. Türk demande aux différentes parties de reprendre le dialogue dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi. « Les risques de débordement vers un conflit encore plus profond et plus large sont effroyablement réels et auront des conséquences encore plus dévastatrices pour les civils», a insisté la porte-parole du Haut-Commissariat. «Les défenseurs des droits de l'homme une cible facile» L'avancée du M23, soutenu par le Rwanda, dans le Sud-Kivu a plongé la région dans une crise sécuritaire et humanitaire complexe, provoquant des déplacements de population. Sur le terrain, des hôpitaux et des entrepôts humanitaires ont également été attaqués, et des menaces ont été proférées à l'encontre du système judiciaire. À la suite de l'évasion des prisons centrales de Kabare et Bukavu le 14 février, le HCDH indique avoir reçu des demandes de protection de la part de victimes et de témoins. Ils craignent des représailles de la part des évadés, étant donné leur participation active aux procès contre certains de ces prisonniers reconnus coupables de graves violations des droits de l'homme et d'abus – dont certains constituent des crimes internationaux. A ce sujet, le HCDH s'est inquiété de la sécurité des avocats, mais aussi des journalistes. « Des défenseurs des droits de l'homme toujours bloqués à Bukavu et à Goma, ont exprimé des craintes pour leur sécurité, en raison de leur engagement actif en faveur des droits de l'homme et de leur dénonciation des violations et des abus commis par le Rwanda et le M23 dans divers territoires de l'est de la RDC ». Plus de 150 000 déplacées de force par les combats au Sud-Kivu Entre 10000 et 15000 personnes sont entrées au Burundi ces derniers jours, fuyant l'escalade de la tension et de la violence dans l'Est de la RDC. Selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), la plupart des arrivants sont des Congolais, principalement originaires de la région de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, où la situation continue de se détériorer. Un plus petit nombre de ressortissants burundais sont également rentrés dans leur pays, fuyant les affrontements. Les personnes arrivent principalement au poste frontière de Gatumba, près de la capitale Bujumbura, épuisées et traumatisées, souvent séparées de leur famille et avec peu d'informations sur le lieu où elles se trouvent. «Des équipes du HCR sont présentes pour s'assurer que les personnes arrivant en quête de sécurité reçoivent le soutien dont elles ont besoin en attendant l'enregistrement et les procédures d'accueil ultérieures », a affirmé Matthew Saltmarsh, porte-parole du HCR. «Des milliers de personnes arrivent par des points de passage non officiels, notamment le long de la rivière Rusizi, près de Rugombo, et que plusieurs personnes se sont noyées », a-t-il ajouté. Selon le HCR, les conditions dans les communautés proches de la frontière sont extrêmement difficiles, avec un manque d'abris, d'eau et d'installations sanitaires. Dans un endroit, plus de 10.00 personnes supplémentaires s'abritent actuellement dans des écoles et un stade local du côté de la RDC, en attendant d'être relogées dans des zones plus sûres plus à l'intérieur des terres. « La surpopulation dans les centres de transit, dont certains accueillent actuellement jusqu'à quatre fois leur capacité initiale, devient une préoccupation majeure car les ressources continuent d'être sollicitées, ce qui accroît les tensions entre les arrivants », a détaillé le porte-parole. Ce nouvel afflux s'ajoute aux 90 000 réfugiés et demandeurs d'asile que le Burundi accueille actuellement, principalement en provenance de la RDC, dont beaucoup sont dans le pays depuis des décennies. La situation dans l'est de la RDC reste difficile, les récents affrontements dans le Sud-Kivu ayant forcé plus de 150 000 personnes à fuir. Au moins 85.000 d'entre elles vivent dans des sites spontanés nouvellement créés pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays, où les services de base tels que l'eau, les abris et l'accès aux services de santé sont insuffisants. Face à ce nouvel afflux de déplacés internes et de réfugiés, le HCR note qu'un soutien rapide est nécessaire de toute urgence pour fournir des services de base dans les zones de retour au Nord-Kivu. « Car un nombre croissant de familles déplacées – environ 80 par jour depuis le Sud-Kivu – entreprennent le voyage de retour vers leurs villages », a conclu M. Saltmarsh. Augmentation de cas de choléra à Goma Les acteurs humanitaires du secteur de la santé se sont alarmés de la situation du choléra à Goma et dans les zones périphériques. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), une augmentation de cas de choléra a été observée dans la semaine du 3 au 9 février dans l'aire de santé de Buhimba. Près de 70 cas de choléra ont été ainsi notifiés en une semaine près du site de déplacés de Bulengo. Au moins 80 % des cas de choléra signalés dans la province du Nord-Kivu proviennent des sites de déplacés. Selon l'OCHA, le démantèlement de nombreux sites complique la situation en raison de la dispersion des déplacés et de la suspension des activités de surveillance épidémiologique à la suite des récents affrontements. De plus, la coupure d'électricité a interrompu la distribution d'eau potable, obligeant les habitants à puiser directement dans le lac Kivu pour leurs besoins en eau. Ces derniers développements interviennent alors plusieurs structures sanitaires pillées sont non fonctionnelles depuis plus d'un an dans les zones de retour des personnes déplacées au nord Kivu. Elles sont sans stocks de médicaments, ni mobilier. L'électricité fait également défaut.