La session extraordinaire de l'APW, provoquée dimanche 4 décembre par son président, a été entièrement dominée par l'affaire du don des 2 millions DA octroyés par Sonatrach à la zaouia de Kénadza en 2003 pour la concrétisation d'un projet de création d'une école coranique avec internat. « L'argent a été effectivement débloqué et viré dans un compte bancaire d'une personne qui n'a pas la qualité de commerçant mais le projet n'a pas, jusqu'ici, été réalisé », se sont interrogés les observateurs locaux. Mais, l'affaire semble avoir pris une tournure inattendue puisque le P/APW a avoué devant les élus que M. Belkhadem, SG du parti FLN, a téléphoné à partir du Caire (Egypte) pour s'enquérir et demander des éclaircissements sur ce don après avoir, lui-même, pris connaissance de l'affaire rapportée par le quotidien arabophone El Bilad, impliquant le P/APW en sa qualité de militant du parti. Laredj Mohamed Laredj, devant ses pairs, a rejeté les allégations le mettant en cause, précisant qu'en date du 17 novembre dernier, un huissier de justice a dressé dans un PV une liste du matériel réceptionné et destiné à l'école coranique avec, dira-il, « des factures à l'appui » mais sans que celles-ci n'aient été exhibées devant les élus, ont noté certains invités présents. Dans un sévère réquisitoire contre ce qu'il a appelé « des attaques à son honneur », le représentant de l'APW a dirigé ses diatribes contre les deux confrères de la presse indépendante à l'origine de la révélation de l'affaire. Procès de la presse Après avoir lu devant l'assistance un démenti inséré dans un quotidien régional autre que ceux ayant publié l'affaire, le P/APW a déclaré avoir déposé une plainte contre les deux confrères du Soir d'Algérie et de l'Echo d'Oran. Cependant, prenant la parole, un élu a demandé à son président la raison pour laquelle ce projet (l'école coranique), qui date de 2003, a tardé à voir le jour. « Le matériel n'a pas été réceptionné d'un seul bloc mais au fur et à mesure, ce qui a retardé la concrétisation du projet en question », a répondu Laredj Mohamed Laredj, chef de la zaouia de Kénadza. Pour sa part, le wali a indiqué que la wilaya se trouve, par ricochet, entraînée dans cette affaire puisque, dira-il, la personne incriminée se trouve être le chef de la zaouia et en même temps président de l'APW. Et conformément à l'article 117 du code de wilaya, ajoutera encore le chef de l'exécutif, l'institution étatique se trouve dans l'obligation de défendre les membres de l'assemblée élue et doit se porter par conséquent partie civile. Notons enfin que devant ce climat qui ressemblait plutôt à un procès de la presse, les correspondants de la presse écrite n'ont pas été, malgré leur insistance, invités à prendre la parole pour faire valoir leur point de vue et éclairer les élus sur la mission de la presse. Plusieurs responsables présents à la session ont néanmoins suggéré qu'un simple démenti de la part du mis en cause aurait suffi au lieu de provoquer une session extraordinaire pour une affaire qui ne mérite pas la mobilisation des élus et responsables administratifs.