Sur les 23 élus, 17 membres boycottent depuis une semaine le conseil municipal, exigeant le départ du maire. L'APC d'El Bouni, commune la plus peuplée de la wilaya de Annaba, est actuellement au centre d'une zone de turbulence. D'un côté, elle fait face à des émeutes déclenchées par des centaines d'habitants de la localité de Sidi Salem qui ont été exclus de la liste d'attribution de 450 logements destinés à la résorption de l'habitat précaire (RHP), et de l'autre, à une fronde sans précédent au niveau du conseil communal. Ce dernier est boycotté, depuis jeudi dernier, par 17 membres élus sur 23. Si les exclus de Sidi Salem exigent la révision totale de la liste des attributaires dans le but d'égrener les indus bénéficiaires, les élus mécontents demandent, quant à eux, le départ du président de l'APC, auquel ils reprochent une prévarication, qui nuit au développement de la région ainsi qu'une politique de marginalisation des cadres. Avant de durcir leur action de protestation, les dissidents, de différentes tendances politiques dont le FLN (7), El Islah (5), RND (2), HMS (1), FNA (1) et PT (1), avaient voté, quinze jours auparavant, un retrait de confiance au maire dont ils exigent fermement le départ. N'ayant pas reçu de suite à leur retrait de confiance, ils ont décidé de se retirer du conseil et en découdre avec cet édile connu pour, selon un communiqué adressé à notre rédaction, «ses décisions unilatérales qui réduisent considérablement les marges de manœuvres des élus dans leurs missions». Une aubaine pour le détrôné sénateur et mouhafed de Annaba, Mohamed-Salah Zitouni, pour récupérer ce mouvement de protestation. «C'est plutôt le chef de daïra d'El Bouni qui serait derrière cette action, eu égard aux rapports tendus qu'il entretient avec le président d'APC en question. Ce dernier aurait refusé de cautionner la composante de la liste des bénéficiaires de logements destinés au recasement des familles sinistrées de Sidi Salem», selon les termes du communiqué. Cette option est plausible si l'on se fie au mouvement de colère qui a éclaté au lendemain de l'affichage de cette liste de 450 logements. Pour le P/APC d'El Bouni, la version est toute autre, puisqu'il a déclaré: «Cette histoire de blocage des projets de développement est dénuée de fondement. Tous les projets sont lancés dans les délais et le respect total de la réglementation en vigueur.» Plus grave encore, il lance un pavé dans la marre en révélant: «6, parmi les 17 membres signataires du retrait de confiance, sont sous contrôle judiciaire, dans le cadre de l'affaire du vol des couffins de Ramadhan et un autre est poursuivi en justice pour avoir passé un marché avec un entrepreneur privé en mettant à sa disposition le camion nacelle de la commune. Il faut aussi signaler qu'un autre signataire s'est rétracté parce qu'il ignorait les véritables desseins des autres élus». Attributions douteuses de logements, émeutes, fronde et boycott au conseil communal sont devenus le quotidien de l'APC d'El Bouni laquelle, faut-il le souligner, a toujours été au cœur de scandales. Rappelons qu'il y a quelques mois à peine, son ex-P/APC avait été pris en flagrant délit de corruption. Il purge actuellement une peine de prison ferme.