La mise en service d'une première tranche du tramway d'Alger intervient avec deux années de retard sur la date de livraison totale du projet fixée pour la fin de l'année 2009. L a mise en exploitation commerciale du premier tronçon du tramway d'Alger, reliant Bordj El Kiffan à Bab Ezzouar (est d'Alger) sur 7,2 km, est prévue pour demain. Le choix de cette date historique n'est pas fortuit puisqu'elle coïncide avec l'anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 où plusieurs dizaines de milliers d'Algériens ont été «exterminés» par le colonisateur français. Amar Tou, ministre des Transports, a déclaré dans un entretien accordé hier à l'APS, que «toutes les mesures ont été prises en collaboration avec les autorités locales, pour assurer les usagers du tramway». Le premier responsable du secteur a ajouté que de nombreux services de la wilaya (DGSN, Protection civile, Sonelgaz, Algérie Télécom…) ont été mobilisés pour permettre aux riverains de se familiariser avec ce nouveau mode de transport en toute sécurité. La mise en service de cette première tranche du tramway d'Alger intervient donc avec deux années de retard sur la livraison de la totalité du projet, fixée pour la fin de l'année 2009. Le projet devrait relier Bordj El Kiffan au quartier des Fusillés, aux Annassers. Une station multimodale comprenant tramway, métro et bus devrait être réalisée. Le citoyen devra encore patienter quelques années pour enfin voir le tramway circuler au niveau des rues de Tripoli et des Fusillés. Et pour cause. Les travaux sur le terrain sont loin d'être faits dans les règles de l'art. Une virée dans les principales gares où devra s'ébranler le tramway nous a permis de constater le retard dans les travaux. Des ordres auraient été donnés afin de finaliser les travaux au niveau du tronçon «inaugural» dans les plus brefs délais. Les ouvriers s'activent comme ils le peuvent afin d'exécuter la tâche qui leur a été impartie. Au niveau du pont de la cité Mokhtar Zerhouni vers l'entrée de la cité AADL, des ouvriers s'affairaient à achever le mur de protection longeant les rails du tramway alors que du côté de l'entrée de la ville de Bordj El Kiffan, les automobilistes subissent les pires supplices pour traverser la route. Des agents de l'Etusa ont été dépêchés pour assurer la sécurité à la fois des piétons et des infrastructures du tramway. Un tramway nommé «catastrophe» Les riverains du chantier du tramway d'Alger sont unanimes à se plaindre des désagréments causés par le projet et qui ne cessent de s'amplifier au fil des jours. Que ce soit à la rue Tripoli, au Caroubier ou dans d'autres quartiers, résidents et automobilistes éprouvent les pires difficultés à circuler. Des commerçants installés sur des rues longées par le tramway ont été contraints de baisser rideau. La circulation automobile s'en est trouvée fortement perturbée dans la foulée. Sans parler des incidences urbanistiques du projet. Rue de Tripoli (à Hussein Dey), le degré de dégradation de cette avenue est hallucinant. Le quartier est complètement défiguré alors que les travaux du tramway avancent en titubant, avec des ouvriers peu qualifiés et des horaires de travail non adaptés à la nature du chantier. Les autorités en charge du projet au niveau de cette rue doivent gérer un autre problème ; celui de la remontée de l'eau de mer qui a inondé à plusieurs reprises le quartier. A Cinq Maisons (Mohammadia), l'une des artères les plus commerçantes de la commune est plongée, depuis le lancement du chantier, dans une longue léthargie. Nombreux sont les commerçants qui ont dû mettre la clé sous le paillasson. Quant aux résidents du quartier, ils continuent à subir au quotidien une multitude de nuisances. Par ailleurs, nous apprendrons des habitants que lors de la réalisation des travaux de fouilles, ils ont dû mettre à contribution leurs connaissances afin d'éviter aux intervenants sur le chantier de détériorer les installations souterraines. Il est utile de préciser que le chantier a été mis à l'arrêt plusieurs fois pour diverses raisons, parmi lesquelles la découverte de réseaux souterrains, la mise en conformité avec le nouveau code des marchés publics, les difficultés d'expropriation et les exigences financières particulières de la firme française. Quoi qu'il en soit, la mise en service de ce premier tronçon cinq années après le lancement officiel de ce projet n'est pas pour réjouir l'ensemble des riverains.