Depuis l'entrée en vigueur, le 11 avril dernier, de la loi contre le port du niqab en France, une trentaine de femmes musulmanes voilées ont été verbalisées par la police itinérante, selon Claude Guéant. France. De notre correspondant Le ministre français de l'Intérieur et du Culte a indiqué que les contraventions se sont déroulées sans grands problèmes. Pourtant, de nombreuses associations musulmanes et de défense des droits de l'homme continuent de revendiquer l'abrogation de cette loi jugée «discriminatoire envers les populations musulmanes» et ne visant finalement qu'une petite centaine de femmes portant ce genre de vêtement. Claude Guéant a également déclaré la semaine dernière, sur les ondes de la radio RTL que les femmes verbalisées n'ont pas opposé de refus ou un comportement violent. Et que l'ensemble de la procédure de la pénalisation s'est déroulé sans encombre. Selon lui, les deux dernières contraventions remontent à mardi dernier. La première a eu lieu dans une banlieue lointaine de Paris, à Etampes exactement. La seconde s'est produite à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle. Elle concernait une ressortissante américaine, originaire d'Arabie Saoudite. Selon le ministre, cette femme avait accepté au départ d'enlever son voile pour subir les contrôles de sécurité d'usage, mais une fois ces derniers finis, elle l'a remis. Devant le refus de retirer complètement sa tenue à l'intérieur de l'aéroport, la police lui a alors infligé une amende de 150 euros. Sceptiques au départ sur l'application de la nouvelle loi contre le niqab, les syndicats de policiers semblent penser différemment à présent. Ils disent «qu'ils ne traquent pas dans les rues et autres lieux publics les femmes en niqab, mais qu'ils font leur travail s'ils en rencontrent». Un discours d'apaisement lancé en direction des associations musulmanes qui ont émis des craintes de voir la police s'adonner «à la chasse aux sorcières et aux arrestations en fonction du faciès». Dans certains quartiers chics de Paris, les policiers font très attention. Ils hésitent même à interpeller les femmes portant le voile intégral de peur de porter un coup aux commerces de luxe qui draguent sans relâche ce type de clientèle, souvent des pays du Golfe et au puissant pouvoir d'achat. Selon des statistiques données par le ministère de l'Intérieur français, il existerait environ 200 femmes portant le niqab sur tout le territoire. La majorité se trouverait dans les banlieues parisiennes (Bobigny, Saint-Denis, Nanterre), mais aussi dans les petites villes à proximité de Lyon (Vénissieux, Vaux en Velin...) sans oublier certains quartiers nord de Marseille. Par ailleurs, le Parlement français se prépare à voter le 31 mai la loi sur la laïcité que l'UMP (Union pour la majorité populaire, parti au pouvoir) a mis sur la table pour consolider, selon Jean-François Copé, secrétaire général du parti, le caractère républicain des institutions. 14 résolutions environ devraient être votées. Y figurent notamment la création d'un conseil national consultatif pour la protection de la laïcité, l'interdiction de prier sur les rues publiques, la meilleure codification du rituel d'abattage des animaux ainsi que l'égalité de tous (peu importe la religion) devant la loi. La laïcité est devenue un enjeu primordial en perspective de l'élection présidentielle de 2012. Les débats s'annoncent houleux entre parlementaires socialistes et libéraux. Le tout sous le regard amusé de Marine Le Pen qui commence à gagner le cœur des gens de la droite républicaine, si l'on en croit les résultats d'un sondage réalisé par l'Institut de sondage Sofrès la semaine passée.