Soumises à des multiples mutations, à la faveur de la nouvelle politique agricole mise en œuvre ces dernières années, la filière avicole reflète des indicateurs contrastés : les investissements considérables qui y ont été consentis depuis l'avènement du capital privé n'ont pas été, ou ne sont pas encore, suivis de résultats positifs en termes de contribution à la consommation des ménages et de sécurité alimentaire. Tel que présenté par le professeur Ahcène Kaci de l'ENSA (Ecole supérieure agronomique d'El Harrach) lors des journées de recherche sur les productions animales, organisées par la faculté des sciences biologiques et agronomiques de l'université de Tizi Ouzou, le tableau que reflète la sous-filière des viandes blanches fait ressortir que «la filière avicole a atteint un stade de développement qui lui donne une certaine visibilité dans l'économie nationale en général, avec une contribution à hauteur de 0,77% au PIB national et une place significative dans l'économie agricole qui se traduit par un taux de 9,84% de la production intérieure brute agricole». En 2007, la filière a réalisé un chiffre d'affaires de 86 milliards de dinars, soit 1,3 milliard de dollars, et une valeur ajoutée brute de 300 millions de dollars, selon le même professeur qui précisera aussi que ces indices expliquent que la filière représente «une partie importante de la richesse agricole nationale, assurant en retour des revenus à une importante fraction de la population». Pour l'année 2009, les statistiques officielles font état d'une production qui a dépassé les 209 000 tonnes et 3,8 milliards d'unités, respectivement pour les viandes blanches et les œufs de consommation. En revanche, ces performances au niveau de la production ne se sont pas encore traduites sur le plan de la consommation alimentaire. En effet, selon M. Kaci, les viandes blanches en Algérie ne représentent que 6 kg par habitant et par an, ce qui est très en deçà de la norme comparativement aux autres pays comme ceux d'Europe où cette moyenne est de 13,5 kg, ceux d'Amérique du Sud avec 18,7 kg et d'Amérique du Nord 35,1 kg. Avant de se pencher sur les contraintes freinant l'essor de cette filière, M. Kaci, dans son intervention sur «les aspects techniques, organisationnels et économiques de la production du poulet de chair en Algérie », a développé une vision rétrospective sur les différentes étapes qu'a traversées la production avicole en Algérie, estimant que la filière «évolue depuis 1988 dans un environnement en transition qui se traduit par un passage d'une économie planifiée à une économie de marché, une phase de transformation et de restructuration et une remise en cause des règles de fonctionnement et de gestion des systèmes productifs nationaux». Dans ces conditions, la filière est extravertie avec des facteurs de production qui sont toujours importés et des enveloppes financières importantes qui lui sont allouées annuellement. «Pour le seul poste des matières premières destinées à la fabrication des aliments (maïs et soja), la valeur moyenne des importations dépasse un milliard de dollars », a fait savoir M. Kaci en se référant aux statistiques du CNIS de cette année 2011.