La wilaya de Tizi-Ouzou dispose d'un potentiel halieutique estimé à 69 000 tonnes mais qui demeure mal exploité. Il était 10h30, dimanche dernier au port de Tigzirt. Ciel ensoleillé, mer démontée par un vent du nord tantôt fort, tantôt doux et léger. Les pêcheurs sont presque tous là, se préparant pour une sortie, pour peu que le beau temps tienne ! Tous enchantés au travail, pour une reprise après une «pause» de plusieurs jours imposée par des tempêtes, générées par les violentes pluies du début du mois de mai. «Ce métier, je l'exerçais depuis que j'étais un petit enfant, en compagnie de mon père et de ses amis. Plus qu'une ressource de vie, la pêche est devenue une tradition dans notre famille. La mer est pour moi un fidèle ami», s'enorgueillit de dire Rezki, un marin professionnel au niveau de ce port. Cependant, notre marin pêcheur se plaint aussi des mauvaises conditions de travail dans lesquelles les pêcheurs évoluent. «Ça fait plus de 20 ans que je travaille ici et je pense que rien n'a changé ; du moins, il n'y a pas vraiment de grande amélioration. Certes, cette infrastructure portuaire représente déjà une grande acquisition pour notre région, mais il reste encore beaucoup à faire», relate notre interlocuteur, qui estime qu'un port doit être doté d'autres équipements de soutien. Ici, ajoute-t-il, «on n'a ni une fabrique de glace, ni une poissonnerie, ni chambre froide. D'où de fréquents problèmes auxquels nous faisons face. Depuis des mois, l'entrée du port est ensablée. Nous en avions alerté les autorités locales et les responsables du secteur, mais à ce jour, pas la moindre intervention à même d'aboutir à une solution pour cette situation», regrette-t-il. A propos de la régression, ces dernières années, de la production halieutique, ce pêcheur-marin indique que les principales causes viennent surtout de la pollution. Un des représentants du secteur de la pêche dans la région avoue que ce phénomène est à l'origine de la plupart des catastrophes dans les fonds marins. Selon lui, «le poisson vit d'oxygène comme tout être vivant, il a donc besoin de propreté là où il vit. Le problème de l'environnement n'est pas la tâche des seuls responsables de la pêche, mais elle incombe aussi à tous, jusqu'au simple citoyen qui ne doit jamais jeter ses déchets dans la nature, et particulièrement à ce département lui-même». Les pratiques illégales ont aussi leur part de responsabilité dans le déclin de la production halieutique et la régression de la biomasse. «Des chalutiers circulent librement dans les zones interdites à la pêche. Ils y passent devant les gardes côtes sans s'inquiéter, et ce, même en période de pause biologique, allant du 1er mai au 31 août de chaque année, selon des textes réglementaires», estime un autre marin. Devant de telles circonstances, le prix du poisson et de la sardine en général reste toujours inaccessible pour les bourses moyennes. «A 300 DA le kg, la sardine est devenue un produit de luxe chez nous», se plaint un père de famille. Dans un restaurant, spécialité poisson, à la Nouvelle ville de Tizi Ouzou, la sardine est servie à 120 DA/le plat (8 à 10 unités), alors qu'il est acheté à 7200 DA/la caisse de 18 kg environ, soit 400 DA/kg. Ce restaurateur s'est lui aussi plaint de la cherté et de la rareté du poisson. «On achète cher et on vend cher, on n'y peut rien. Nous travaillions beaucoup mieux dans les années précédentes». Par ailleurs, la flottille maritime de la wilaya de Tizi Ouzou, composée de 220 unités, dont 12 chalutiers, 27 sardiniers, 1 thonier et 180 petits métiers, s'est enrichie de 10 autres unités après 2009. Elle compte un effectif marin global de 419 éléments. Avec 142 autorisations de pêche, délivrées en 2010, la wilaya aura produit depuis 1 089,77 tonnes, dont 826,13 T de la pêche maritime, soit 444,21 t. de poissons bleus, 87,22 t. de poissons blancs, 96,97 de squales et espadons, 192,73 de crustacés et 5 tonnes de mollusques, ainsi que 148,31 t. de pêche continentale et 115,41 t. de pêche d'élevage aquatique.