Le 3 janvier 2005 disparaissait à Paris, suite à une crise cardiaque, Saddek Aissat à l'orée de ses 50 ans. Homme aux multiples talents, Saddek Aissat était à la fois chronique un écrivain et musicien. Il a consacré toute sa vie à l'art et à l'écriture. Poète à ses heures perdues, il rêvait d'amour et de paix. Il avait cette folie d'aimer l'autre : « La folie, disait-il, c'est la pensée des autres, les gens normaux. Je demeure un être social et donne à tous l'impression réconfortante de faire partie d'un monde où l'on assigne une place à chacun. Dans ma tête seulement, je suis libre. Et c'est là que je suis marginal et sauvage. C'est là que je suis seul... » Comédien à 20 ans, il était l'un des principaux animateurs de la troupe du théâtre de la rue d'El Harrach. Saddek Aïssat était considéré comme un progressiste de première heure. Dans les années 1970, il a assumé le rôle de secrétaire général de l'union de wilaya d'Alger et de l'UNJA, jusqu'au jour où, victime de l'article 120, il s'est retrouvé sans mandat et sans local. Il était également militant du Parti de l'avant-garde socialiste (PAGS). Il avait connu pendant des années la clandestinité. Menacé de mort par le terrorisme islamiste, il a été contraint de s'exiler avec sa petite famille en France. Il avait exercé dans les années 1980 comme journaliste à Algérie Actualité. Il tenait au Matin, jusqu'au moment fatal, une chronique hebdomadaire Café mort. Il a toujours souhaité collaborer dans un journal arabophone. L'un des titres qu'il avait retenu pour sa chronique était « Daim Ellah ». Le regretté a publié trois livres, entre autres, L'année des chiens aux éditions Anne Carrière en 1996, Algérie, une guerre à la société (essai avec J. Dinet et Paul Euzière, publié en 1996), La cité du précipice (éditions Anne Carrière en 1998) et Je fais comme fait dans la mer le nageur (éditions Barzakh en 2002). Grand admirateur d'El Hadj M'hamed El Anka, Aissat Saddek avait formulé, justement, le vœu de consacrer un livre à ce monument de la musique chaâbi. « J'écrirai le plus beau livre qui ait jamais été écrit sur El Anka », avait-il dit, de retour d'Alger, à son épouse. Afin que nul n'oublie l'homme qu'il a été, ses amis ont créé, quelques jours après sa mort, une association portant son nom. Un prix est institué chaque année en sa mémoire.