Ainsi, l'officialisation de tamazight n'a rien de dramatique ni de périlleux pour la stabilité d'un pays. Le Maroc a franchi le pas. Le projet de réforme constitutionnelle, annoncé vendredi par Mohammed VI et qui sera soumis à référendum le 1er juillet, prévoit la reconnaissance de tamazight comme langue officielle du royaume, au même titre que la langue arabe. Le souverain marocain a souligné, dans son discours, qu'il s'agit d'«une initiative d'avant-garde qui constitue le couronnement du processus de réhabilitation de l'amazigh comme patrimoine commun à tous les Marocains». Le train de réformes annoncé par le roi n'a pas globalement satisfait l'opposition marocaine, qui réclame la consécration des principes d'une monarchie parlementaire et une véritable séparation des pouvoirs, mais la décision de répondre à l'exigence démocratique de la reconnaissance identitaire constitue incontestablement une initiative d'avant-garde dans un Maghreb arc-bouté sur le dogme de l'arabo-islamisme. L'option marocaine de consacrer la pleine réhabilitation de la langue et de la culture amazighes peut constituer une opportunité aux pays voisins pour s'engager enfin sur la voie du «Maghreb des peuples». La reconnaissance officielle d'une identité brimée, occultée et même combattue, est le premier jalon pour la construction d'une véritable union du grand Maghreb. Il n'est plus possible de s'accrocher au fameux «syndicat des chefs d'Etat» pour la simple raison que ces derniers sont en pleine tourmente, broyés ou fortement déstabilisés par la révolte de leur peuple. La décision historique des Marocains va-t-elle «décomplexer» les gouvernements respectifs et les amener à rompre avec le déni de soi, à répondre à une quête identitaire légitime ? Il est permis d'espérer, même si le contexte des réformes dans notre pays présente des perspectives improbables. Les consultations politiques poussives et autres assises d'une société civile triée sur le volet n'annoncent rien qui puisse rassurer la population, s'agissant notamment d'un pas décisif en faveur de tamazight. Cette dernière est tout simplement oubliée des débats. Pourtant, c'est dans notre pays que la lutte identitaire a été la plus forte, en comparaison avec les pays voisins. Pour que tamazight soit reconnu en 2002 comme langue nationale, il a fallu que 126 jeunes soient tués par les services de sécurité lors du printemps noir en Kabylie. La revendication de l'officialisation, à laquelle vient d'accéder le Maroc, ne recueille, en Algérie, que mépris et rejet de la part des gouvernants. A mille lieues d'un véritable progrès démocratique, le débat dans notre pays tourne autour d'une toute autre réhabilitation, celle d'un parti islamiste dissous qui ne promet rien d'autre qu'une désintégration politique et culturelle. La décision historique des marocains va-t-elle «décomplexer» les gouvernements respectifs et les amener à rompre avec le déni de soi, à répondre à une quête identitaire légitime ? Il est permis d'espérer, même si le contexte des réformes dans notre pays présente des perspectives improbables. Les consultations politiques poussives et autres assises d'une société civile triée sur le volet n'annoncent rien qui puisse rassurer la population, s'agissant notamment d'un pas décisif en faveur de tamazight. Cette dernière est tout simplement oubliée des débats. Pourtant, c'est dans notre pays que la lutte identitaire a été la plus forte, en comparaison avec les pays voisins. Pour que tamazight soit reconnue en 2002 comme langue nationale, il a fallu que 126 jeunes soient tués par les services de sécurité lors du Printemps noir en Kabylie. La revendication de l'officialisation, à laquelle vient d'accéder le Maroc, ne recueille, en Algérie, que mépris et rejet de la part des gouvernants. A mille lieux d'un véritable progrès démocratique, le débat dans notre pays tourne autour d'une tout autre réhabilitation, celle d'un parti islamiste dissous qui ne promet rien d'autre qu'une désintégration politique et culturelle.