Le soleil darde ses rayons, le charbon de bois fume et la cuisson à la braise, communément appelée «la maynama», commence. Il est à peine 10h, le quartier Guetaâ El Oued, qui s'est forgé un cachet particulier dans cette spécialité, grouille de visiteurs. Situé à quelques encablures de la ville de Tamanrasset, ledit quartier connaît une ambiance allègre, car on y découvre quotidiennement les meilleures recettes au barbecue qui se font sous un décor purement traditionnel. «Il suffit d'utiliser un bon charbon pour réussir la braise et un assaisonnement sélectionné», notera un marmiton, prolixe. Enfilant sa toque pour enflammer et cuire un gigot, en le faisant tourner avec une spatule spéciale, il nous expliquera que «chaque gourmet a son secret et sa propre touche pour mélanger les épices. Mais la recette originale revient aux ressortissants maliens qui ont fait de cette tradition un bon filon par lequel ils se sont frayés une place irréprochable ici à Tamanrasset». A signaler que la propulsion de cette activité dans la ville de l'Ahaggar relève de plusieurs facteurs, notamment de la viande ovine qui est cédée à un prix modique et accessible même aux commerçants à faible rentabilité. «Les moutons, provenant principalement du Mali et du Niger, sont cédés parfois à des prix variant entre 5 000 et 9 000 DA, alors que dans certaines régions du Nord, les mêmes moutons peuvent atteindre des montants allant jusqu'à 38 000 DA», explique notre interlocuteur. Au sujet de la maynama, il dira qu'un plat bien garni de viande et d'une variété de légumes est cédé à raison de 150 DA seulement. «Un prix que peuvent même certains parents de la classe sociale inférieure rogner de leur maigre bourse. Des fois, on reçoit des clients qui nous font des commandes trois fois plus importantes que celles des clients ordinaires. D'aucuns prennent entièrement le gigot sans même le découper en petits morceaux.» En effet, les fumées qui se dégagent des grillades, tout en annonçant un plat succulent, ne laisseront aucun temps de le faire.